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Pourquoi les prix en grandes surfaces se sont stabilisés en mai

Une sélection du chariot BFM Business.

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Avant d'éventuelles renégociations de prix à la baisse, l'inflation des produits de grande consommation a atteint 16% sur un an en mai selon la société Circana contre 16,2% en avril.

Le début de l'inversion de la courbe? Alors que certains grands industriels des produits de grande consommation s'apprêtent à renégocier les prix à la baisse, l'inflation dans les grandes surfaces semble avoir atteint un pic.

Selon la société d'étude Circana, l'inflation de l'ensemble des produits de consommation (alimentaire, hygiène, entretien) est restée stable en mai et ce pour le deuxième mois consécutif, indique LSA. Elle s'est établie à 16% sur un an durant le mois alors qu'elle avait été mesurée à 16,2% en avril par Circana.

La hausse mensuelle des prix (comparé à avril) a elle franchement reculé à 0,3% quand elle était encore de 1,2% le mois précédent et même de 1,8% en mars à l'issue des négociations commerciales. Il s'agit de la plus faible hausse mensuelle des prix en grande distribution depuis 15 mois (0,2% en février 2022).

Alors que certains redoutaient une hausse des prix de 10% consécutive à la fin des négociations commerciales de mars, l'inflation ces 3 derniers mois n'aura été au cumul "que" de 3,3%, soit la fourchette basse des prévisions de Circana début mars.

Contrairement aux craintes des professionnels du secteur, il n'y aura donc eu ni "mars rouge" ni même de "trimestre rouge". Les prix ont certes poursuivi leur hausse mais peu ou prou dans les même proportions que l'été et l'automne dernier. Et surtout avec les renégociations en cours on peut même espérer un reflux dès le mois de juin.

L'effet Casino sur les prix ?

Comment expliquer cette stabilisation des prix ? Un premier élément est à chercher du côté des enseignes elles-mêmes. Certaines ont fait un gros effort sur leurs marges pour limiter la hausse des prix. C'est le cas de Casino qui était de plus en plus décroché au niveau de ses prix et qui a consenti d'importantes baisses à la fin du premier trimestre de cette année. Le corridor des prix mesuré Circana (l'écart entre les deux enseignes les plus chères et les moins chères) a fortement chuté ces deux derniers mois après avoir atteint un record en février. Il est ainsi repassé sous les 20 points (19,2) contre plus de 30 en février.

Deuxième élément: les marques de distributeur (MDD) et les premiers prix ont déjà entamé un reflux. Sur un an, la hausse des prix des MDD est de 18,4% en mai quand elle atteignait 19,6% en mars. Sur les premiers prix, le recul est encore plus manifeste avec un niveau d'inflation qui est passé ces deux derniers mois de 21,1% à 18,2%.

Sur certains produits, les marques de distributeur ont été beaucoup plus réactives à la baisse. Ce que confirme le responsable d'une grande enseigne à BFM Business.

"C'est le groupe Avril (Lesieur, Puget...) qui me fabrique mon huile MDD, indique-t-il. Dès le mois de janvier, il me proposait des baisses de prix alors que sous ses propres marques vendues en grandes surfaces, les produits Lesieur ne baissaient pas..."

On peut y voir aussi l'effet du trimestre anti-inflation avec les prix bloqués de nombreuses références en MDD dans les grandes enseignes.

Mais les marques nationales, si elles ont augmenté, la hausse n'a pas atteint les pics de 10% redoutés en mars. La hausse moyenne sur un an s'est établie à 15,1% en mai selon Circana quand elle était à 14,7% en mars. Il s'agit là probablement d'un effet de lissage des prix de la part des enseignes qui ont préféré étaler la hausse de 10% des prix négociés en mars sur plusieurs mois. D'où leur empressement à vouloir rapidement renégocier les prix pour éviter de la répercuter intégralement...

Si cette stabilisation des prix est une bonne nouvelle, il n'en reste pas moins que l'inflation reste à un niveau très élevé sur un an (16%) en encore plus sur deux ans (20,4%). Un chariot de courses payé 100 euros en mai 2021 coûte donc aujourd'hui en théorie plus de 120 euros. Certaines catégories de produits restent fortement inflationnnistes, comme les plats préparés à base de pâtes (+33,9% sur un an), les moutardes (+30,7%), le sucre (+28,7%) ou encore les chips (+25,7%).

"Ces hausses importantes de prix continuent de contraindre les Français à descendre en gamme pour tenter de minorer l’inflation du caddie, rappelle Emily Mayer, directrice business insight de Circana. Ce mois-ci l’effet mix est lourdement négatif sur notre panier, descendant en dessous des -2%."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco