Pourquoi la Suède, qui n'a pas opté pour le confinement, n’échappera pas à la récession

La Suède fait partie des rares pays à ne pas avoir confiné sa population - Fredrik SANDBERG / TT News Agency / AFP
Elle fait figure d’exception. Contrairement à ses voisins européens, la Suède a décidé de ne pas confiner sa population pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Là-bas, les écoles sont restées ouvertes et les commerces ainsi que les bars et restaurants, ont pu poursuivre leur activité, le gouvernement préférant prononcer des recommandations sanitaires plutôt que d’imposer les mesures draconiennes mises en place ailleurs sur le Vieux continent.
De quoi sauver l’économie du plus peuplé des Etats scandinaves? Pas vraiment. Certes, le PIB suédois a mieux résisté que celui des autres pays européens au premier trimestre (+0,1%), mais la suite s’annonce plus délicate. La Riksbank table en effet sur une récession de 7% en 2020 dans le meilleur des scénarios et de 10% dans le pire. A 7% en début d’année, le taux de chômage a quant à lui progressé pour atteindre 8,4% mi-mai. Et les prévisionnistes l’estiment à 10% pour la fin de l’année.
Recommandations sanitaires
Malgré une stratégie visant à préserver l’économie, plusieurs raisons expliquent ce revers attendu. D’abord, le gouvernement hostile au confinement a tout de même édicté une série de recommandations non obligatoires à sa population. Distanciation physique, encouragement au télétravail… Sans doute les Suédois les ont-ils suivies assidûment par crainte de contracter le virus. Ce qui a nécessairement eu un impact sur l’économie.
Signe que la population s’est montrée prudente, 80% des patrons d’hôtels et la moitié des restaurateurs ont vu leur chiffre d’affaires fondre d’au moins 75%, note Le Monde qui relaie les chiffres de l'Institut de la statistique suédois. La consommation aurait en outre chuté de 25% de la mi-mars à début avril, selon une étude de chercheurs de l’Université de Copenhague. Soit quatre points de moins seulement que celle de son voisin danois qui a pourtant fait le choix du confinement.
Un pays fortement dépendant des exportations
Surtout, l’économie suédoise, qui se caractérise par une grande industrie manufacturière, est extrêmement dépendante des exportations dont elle tire près de la moitié de sa richesse. Dit autrement, l’effondrement des échanges commerciaux en période de crise pénalise sévèrement ses entreprises qui étaient déjà 50.000 à avoir fait une demande de chômage partiel fin avril.
D’autres ont même déjà annoncé des suppressions de postes. Paralysé par les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement internationales, le célèbre constructeur suédois Volvo a par exemple été contraint d’interrompre sa production plusieurs semaines et prévoit de supprimer 1300 emplois dans le pays.
La stratégie suédoise, si elle ne permettra pas d’échapper à la récession, a probablement permis de limiter la casse. Car ses prévisions tablant sur une récession comprise entre -7 et -10% correspondent à peu près à celles réalisées en Allemagne (entre -6,3% et -10%) et sont moins pessimistes que les récessions attendues en France (-11%), au Royaume-Uni (entre -7,7 et -14%) en Italie (entre -9 et -13%) ou en Espagne (entre -9,5 et -12,4%). Des pays qui ont fait le choix du confinement.