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Pourquoi la (légère) hausse du chômage est une bonne nouvelle

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Si le taux de chômage fait du surplace, le halo du chômage a fortement décru et le taux d'emploi dans la population atteint un niveau jamais vu depuis... 1975.

Le taux de chômage en France est resté stable au 3ème trimestre en France et a même légèrement augmenté selon l'Insee. Malgré la forte reprise économique et le nombre record d'embauches, le taux de chômage calculé par l'Insee selon les normes du Bureau International du Travail (BIT) s'est établi à 8,1% de la population active au troisième trimestre 2021 contre 8% au deuxième trimestre, soit 2,4 millions de personnes sans emploi dans l'Hexagone. L'Insee tablait il y a quelques mois sur un taux de 7,6% sur la période.

Pourtant ces chiffres qui paraissent décevants sont en réalité plutôt bons et encourangeants. D’abord parce que si on repart un an en arrière les prévisions faisaient état de 10,5 voire 11% de chômage pour la fin 2021, soit 700.000 chômeurs de plus, rien que ça. Mais surtout cette légère hausse d’un trimestre à l’autre est paradoxalement le signe d’une bonne santé de l’emploi en France.

Pour le comprendre, il faut prendre en compte l'évolution du halo du chômage. Cette donnée mesure le nombre de personnes qui n'ont pas d'emploi mais qui ne sont pas comptabilisés comme chômeurs car ils ne sont pas en recherche ou ne sont pas disponibles pour prendre un emploi dans les deux semaines.

Un taux d'emploi record

Or ce halo qui était en hausse quasi-constante depuis 2008 a brusquement reculé de 175.000 personnes. Qu’est-ce que ça veut dire? Que des gens qui n’y croyaient plus sont revenus sur le marché de l’emploi. C'est cet afflux de nouveaux prétendants qui a fait gonfler le nombre de "chômeurs officiels" (+52.000 sur le trimestre).

L’autre bonne nouvelle c’est le taux d’emploi, soit la part de la population en âge de travailler (15-64 ans) qui occupe un emploi. Il a atteint 67,5% au 3ème trimestre, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis… 1975. C’est la réponse au fameux "travailler plus" prôné par Emmanuel Macron.

Si la France accuse encore du retard par rapport à certains de ses voisins (78% aux Pays-Bas, 77% en Allemagne, 75% au Danemark), le pays semble rattraper son retard. Depuis quelques années les seniors partent plus tard à la retraite, les jeunes rentrent un peu plus tôt sur le marché du travail.

Peut-on dès lors espérer rêver plein emploi ? Le chemin est encore long. Avec 8% de chômeurs, la France accuse encore du retard sur la zone euro (7,5% en moyenne), la Belgique (5,9%), l'Allemagne (3,6%), ou encore les Pays-Bas (3,1%)… Des pays qui eux sont au plein emploi ou presque.

Les économistes considèrent que le plein emploi en France se situerait à 4,5% de la population active, c’est-à-dire un niveau où on trouve immédiatement un emploi dans n’importe quel secteur d’activité dès qu’on en cherche un. Ce taux-là, la France ne l’a plus connu depuis 1978, soit 43 ans.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco