Pourquoi la fortune des 2.700 milliardaires du monde augmente plus vite que les cours de Bourse

Elon Musk lors d'un meeting pro-Trump en Pennsylvanie, le 20 octobre 2024 - Michael Swensen
C'est un groupe qui ne connaît pas de déclin démographique. Le nombre de milliardaires sur la planète a fortement progressé ces 10 dernières années, selon UBS qui publie son rapport annuel 2024 sur le sujet.
Entre 2015 et 2024, le nombre de milliardaires est ainsi passé de 1.757 à 2.682. Le pic a été atteint en 2021 avec 2.686 milliardaires. Depuis, il est resté stable. Leur fortune cumulée est passée sur la période de 6.300 milliards de dollars à 14.000 milliards de dollars en 2024, soit une progression de 121% sur la décennie.
Les patrimoines de ces très grandes fortunes sont pour la plupart constitués d'actions de leur propre société. Ainsi Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, possède 13% de Tesla, Jeff Bezos 8,8% d'Amazon, Mark Zuckerberg 13% de Meta ou encore Bernard Arnault 48% de LVMH. Avec la hausse des cours de Bourse sur la dernière décennie, le capital détenu par ces très grandes fortunes a donc grimpé en flèche.
La croissance du patrimoine de ces milliardaires, comme le relève UBS, a même été bien plus forte que celles des Bourses mondiales sur la période. L'indice MSCI AC World des actions mondiales a enregistré une hausse de 73% entre 2015 et 2024 contre une progression on le rappelle 121% pour le patrimoine des ultra-riches.
La tech superstar de la décennie
Cette surperformance des milliardaires par rapport aux marchés peut surprendre. Surtout dans de telles proportions. Elle s'explique par une très forte présence des milliardaires du secteur technologique dans le gotha des ultra-riches.
Selon le Bloomberg Bilionaires Index, 84 des 500 plus grandes fortunes du monde sont issues de la tech. Et la plupart sont même tout en haut du classement. Dans le top 10 mondial des milliardaires, huit ont fait fortune dans la tech. Dans le top 100, ils sont 25.
"Bien que des différences régionales aient émergé au cours des dix dernières années, les entrepreneurs technologiques ont joué un rôle de plus en plus important dans l'économie mondiale", constate UBS.
Cela a conduit à une croissance rapide de la fortune des milliardaires du secteur technologique, qui a triplé, passant de 788,9 milliards de dollars en 2015 à 2400 milliards de dollars en 2024. Une progression de 202% en 10 ans, contre 121% pour l'ensemble des milliardaires et de "seulement" 73% pour les Bourses mondiales.
Du e-commerce aux réseaux sociaux, de la cybersécurité aux technologies de la mobilité, des fintech à l'IA générative... En 10 ans, les cycles de croissance se sont succédé dans le numérique faisant émerger des centaines de nouveaux milliardaires.
Ce qui a moins été le cas dans les secteurs traditionnels. Si dans l'industrie par exemple, la croissance de la fortune globale des ultra-riches de ce secteur a été solide (+170%), l'immobilier en revanche a été à la traine.
Le retour de l'immobilier dans les années à venir ?
"Les milliardaires de l'immobilier ont performé de manière similaire à l'ensemble de l'univers des milliardaires jusqu'en 2017, mais ont sous-performé depuis, peut-être en raison de la correction immobilière en Chine, des bouleversements dans certaines parties de l'immobilier commercial dus à la pandémie de Covid-19 et des taux d'intérêt plus élevés aux États-Unis et en Europe", avance UBS.
La fortune cumulée des milliardaires de l'immobilier n'a progressé que de 29,6% en 10 ans, passant de 534 milliards de dollars en 2015 à 692 milliards cette année.
Mais la tendance pourrait s'inverser dans les années à venir. Dans un contexte d'instabilité politique croissante, de regains de tensions internationales et de stagnation de la productivité, les investisseurs et gestionnaires de très hauts patrimoines interrogés par UBS semblent chercher les valeurs refuges.
Ainsi 43% des milliardaires prévoient d'augmenter leur exposition à l'immobilier et 40% prévoient d'augmenter leurs investissements dans l'or et les métaux précieux au cours des 12 prochains mois. 42% disent toujours vouloir investir dans des actions sur les marchés développés, mais il s'agit plus d'une volonté de diversifier leur portefeuille.
