Un portefeuille d'action de 30 millions d'euros: l'incroyable leg d'un couple de nonagénaires à leur village

Un cadeau du ciel pour cette petite commune. Un couple, sans enfant, a décidé de désigner Nouans-les-Fontaines (Indre-et-Loire), comme légataire universel dans son testament. Parmi les biens légués : une maison et des terrains sur place, une place de parking à Paris, une parcelle forestière à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) et, surtout, un portefeuille d’actions évalué à près de 30 millions d’euros, rapporte La Nouvelle République.
Selon des documents consultés par le quotidien régional en août 2023, moins de deux ans après que la commune a accepté cet héritage, les comptes de cette localité de moins de 700 habitants affichaient un montant de 28.927.453 euros. Ce capital est géré par un cabinet de gestion de patrimoine basé à Bourges.
Discrétion
Les défunts ont posé comme condition que la commune ne puisse toucher au capital pendant soixante ans, mais elle bénéficie toutefois des dividendes générés, soit environ 600.000 euros par an. En 2023, ce revenu s’est élevé à 715.539 euros, représentant plus du tiers du budget de fonctionnement communal. Une autre disposition du testament impose que la moitié de ces dividendes soit redistribuée à cinq associations caritatives choisies par le couple.
Le maire de Nouans-les-Fontaines, Éric Moreau, reste très discret sur ce legs. Interrogé, il refuse de partager les détails financiers, y compris le budget communal et les délibérations du conseil municipal, bien que ces documents doivent être légalement accessibles au public.
"La volonté de monsieur et madame Lutier, c’était que ça ne paraisse pas, que ça reste confidentiel", explique-t-il à La Nouvelle République. J’estime que ça ne regarde personne de connaître le montant de leur patrimoine personnel."
Questions et critiques
Les biens immobiliers légués, à l’exception de la maison qui héberge aujourd’hui trois réfugiées ukrainiennes, ont été vendus. Quant aux revenus générés, une partie est attribuée depuis 2024 à une bourse pour les étudiants originaires de la commune, leur octroyant 3.000 euros annuels chacun, sans conditions de ressources. Cette année, dix-sept jeunes en ont bénéficié. De plus, 30.000 euros sont alloués annuellement au conseil municipal des jeunes pour leurs projets. Une autre fraction des fonds a été utilisée en 2022 pour rembourser des emprunts communaux.
Malgré ces initiatives, certains habitants critiquent le manque de transparence et l’absence de projets ambitieux. Le legs est également devenu un sujet sensible dans le cadre de conflits locaux, notamment autour du projet d’implantation d’un parc éolien, rejeté par la préfecture en novembre dernier. Ce projet, porté par Éric Moreau, avait été justifié par des arguments financiers en 2021. Mais avec les revenus actuels, ces discussions semblent moins pertinentes. Pour l’instant, le futur de ce trésor suscite autant de questions que de critiques.