Négociations sur les céréales ukrainiennes: que veulent les Russes?

En début de mois, la Russie avait partagé ne voir “aucune raison” de prolonger l’accord sur les céréales ukrainiennes, se plaignant que son secteur agricole, l’un des plus grands producteurs au monde, soit freiné par les sanctions européennes bloquant les exportations agricoles russes.
Expirant ce lundi, ce "corridor" avait permis depuis août 2022 d’exporter près de 33 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens. En marge du sommet de l’Otan à Vilnius le 12 juillet dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan qui joue le rôle de médiateur entre l’Ukraine et la Russie sur ce dossier agro-alimentaire, avait déclaré que les négociations “se poursuivent”.
De nouvelles exigences russes
La Russie prendrait donc son temps dans la renégociation de cet accord - déjà reconduit à deux reprises - notamment en exigeant des "garanties supplémentaires et la levée de certaines sanctions", précise Arthur Portier, consultant d'Agritel, sur la plateau de BFM Business ce lundi.
Ce dernier évoque notamment le rétablissement de certaines transactions financières russes dans le réseau interbancaire Swift ou encore la levée des embargos actuels touchant certaines de ses matières premières.
L’enjeu est éminemment économique pour la Russie mais le freinage de l’accord provoque également des incertitudes sur la situation alimentaire au niveau mondial, car beaucoup de pays importateurs en dépendent, à l'image notamment de beaucoup d'Etats africains. Selon Arthur Portier, l’Europe est aussi directement concernée et sa volonté récente de renforcer son autonomie alimentaire ne sera pas suffisante.
De nombreuses incertitudes
Si la production alimentaire mondiale a bénéficié d’une hausse de 10,8 millions de tonnes en plus en 2023, soit pour un volume total de 800 millions de tonnes, la Russie représente à elle-seule 95 millions de tonnes. "Nous avons besoin de l’Ukraine pour ne pas renforcer le poids de la Russie dans l’échiquier alimentaire mondial", estime Arthur Portier.
À ce contexte s'ajoute "beaucoup d'incertitudes géopolitiques, macroéconomiques, sanitaries, réglementaires et météo", complète Arthur Portier tout en rappelant que "8 années sur 10, lorsque nous passons en alerte El Nino, la chute de la production en céréales est bien réelle".