BFM Business
Economie

Les salariés de Carambar en grève pour le maintien de leurs salaires

placeholder video
Un mouvement de grève est par le transfert des équipes de Carambar dans une autre usine, à des salaires inférieurs. Ce mouvement social fait fondre le stock de l'usine nordiste.

Bientôt les Carambar pourraient se faire rares. Les stocks baissent, non à cause de la crise sanitaire ou d'une pénurie de matière première, mais en raison d'un conflit social dans l'usine de Marcq-en-Barœul (Nord), la seule au monde où ces confiseries sont fabriquées depuis 1954. Depuis plusieurs semaines, la production se met épisodiquement à l'arrêt.

Ce mouvement social est une réaction face à la stratégie d'Eurazeo, la société d'investissements qui a racheté Carambar&Co il y a deux ans. Cette société créée fin 2016 possède d'autres marques de confiseries (Lutti, Poulain, Krema, Mi-cho-co, La Pie qui Chante, Suchard, Malabar...). Pour rationaliser les productions, elle a décidé de transférer fin 2021 la production de Carambar sur un autre site, l'usine Lutti de Bondues.

Installée à seulement huit kilomètres du site de Marcq-en-Barœul, les salariés pouvaient rester près de chez eux. Si le maintien de 105 emplois en CDI sur les 114 de l'usine de Marcq-en-Barœul est assuré, la question des salaires suite au transfert n'a pas été clairement précisée, dénoncent les salariés.

Une perte de salaire estimée à plusieurs centaines d'euros par mois

Ça aurait dû être un simple transfert, un déménagement. En tout cas, c’était présenté comme ça", explique David Pourre, délégué FO chez Carambar.

Un accord prévoyait bien de reclasser chez Lutti les salariés licenciés lors du PSE. Mais dans leur nouveau contrat, les salaires chutent d'environ 25%. Une douche froide pour ces salariés qui perdent un quart de leur revenus, soit entre 300 et 800 euros par mois, selon les représentants du personnel.

Je trouve ça honteux de fermer en prétextant un déménagement. Je ne comprends pas, ils vont avoir besoin de nous, de notre expérience. On demande le maintien des salaires", s'indignait à BFM Lille, André Jorisse, membre du CSE.

Cette décision, qui n'avait pas été indiquée clairement le 12 novembre 2020 lors de l'annonce du transfert, provoque depuis des grèves à répétition faisant baisser les stocks de Carambar. Des négociations sont en cours, mais n'avancent pas. "Ce que nous voulons, ce sont des garanties sur le maintien de nos salaires", a expliqué David Pourre à La Voix du Nord. Une "allocation dégressive temporaire" aurait été proposée, mais pour les "Carambars", "c’est loin d’être suffisant".

Des élus locaux ont pris la défense des salariés. Parmi eux, le député (LFI) du Nord, Adrien Quatennens. "Après avoir nié la perte de revenu occasionnées par le transfert, la direction du groupe a enfin fini par reconnaître une baisse des salaires devant les représentants de l’Etat, tout en continuant à la minimiser", indique l'élu dans un communiqué.

Les négociations se poursuivent, suivies par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) des Hauts-de-France. Son directeur estime "insoutenable le niveau du manque à gagner et demandé à Carambar & Co de mettre en place un dispositif pour y palier".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco