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Le champion français de la sécurisation des emails contraint de renoncer à son rêve américain

La technologie de Vade Secure s'appuie sur l'intelligence artificielle et des algorithmes pour analyser des milliards d'emails et y détecter d'éventuelles anomalies.

La technologie de Vade Secure s'appuie sur l'intelligence artificielle et des algorithmes pour analyser des milliards d'emails et y détecter d'éventuelles anomalies. - Siska Gremmelprez - Belga - AFP

La PME nordiste Vade Secure a échoué à lever 70 millions d'euros auprès d'un fonds d'investissement américain. La crise sanitaire et ses démêlés judiciaires avec son grand rival outre-Atlantique ont fait capoter ce projet.

La société high tech française Vade Secure a vu son aventure américaine tourner court, victime de la crise sanitaire et de démélés judiciaires provoqués par un rival américain procédurier.

Cette PME spécialisée dans la sécurisation des courriels d'entreprises et basée à Hem près de Lille, avait annoncé en juin 2019 un investissement de 70 millions d'euros du fonds américain General Catalyst, basé à Boston sur la côte Est des États-Unis.

Une levée de fonds pour conquérir le marché américain

Cette opération financière d'envergure était censée lui ouvrir les portes du marché américain, énorme par son potentiel dans le domaine de la sécurité des emails.

Loin d'être une nouvelle venue dans le domaine, créée en 2008, la société française compte parmi ses clients des géants américains de la tech, tels Cisco ou Microsoft.

Sa technologie recourt à l'intelligence artificielle et à des algorithmes pour analyser des flots d'emails et y détecter des pièces jointes porteuses de malwares, ces logiciels malveillants annonciateurs de cyberattaques. 

Proofpoint l'accuse d'appropriation de secrets d'affaires

Mais, quelques semaines après la signature de l'accord conclu avec le fonds d'investissement, l'entreprise a été poursuivie en justice par l'américain Proofpoint, numéro 1 mondial du secteur, au grand dam de son fondateur et principal actionnaire de Vade Secure, Georges Lotigier, confirmant une information des Echos.

Fort du droit américain, la firme entame des poursuites judiciaires sur la base de suspicions, Proofpoint reprochant à la société française d'avoir recruté comme directeur technique le salarié d'une entreprise qu'elle a rachetée ultérieurement, et ainsi de s'être approprié des secrets d'affaires.

Deux projets d'accord avec le fonds américain ont capoté

"La culture d'entreprise de Vade Secure, c'est d'innover. On est 100% clean", assure Georges Lotigier, qui s'estime injustement attaqué.



Reste que ce litige, toujours en cours, a fait capoter la finalisation de l'accord initial avec General Catalyst. Le fonds d'investissement a été refroidi par la perspective de ces poursuites judiciaires à l'issue souvent aléatoire et aux conséquences pécuniaires éventuelles.

Puis, la crise sanitaire a provoqué l'échec d'un projet de second accord signé en février 2020 avec le même fonds.

La PME lilloise revendique de 35 à 40% de croissance l'an

"L'accélération de croissance, au-delà de 50%, qu'on attendait aux États-Unis est un peu reportée", reconnaît l'actionnaire majoritaire de Vade Secure. Celui-ci revendique tout de même "une belle croissance, de 35% à 40% par an" et des nouveaux contrats notamment au Japon.

Pour financer sa croissance et ses projets, la PME nordiste a fini par emprunter une dizaine de millions d'euros via un prêt garanti par l'État auprès de ses banques habituelles et Bpifrance. Son fondateur espère désormais une nouvelle levée de fonds. Mais "plutôt en Europe" cette fois...

F.B. avec AFP