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Laurent Pietraszewski, n'était pas l'ami de la CFDT dans son ancien travail chez Auchan

Le député LaREM du Nord Laurent Pietraszewski a été nommé secrétaire d'Etat en charge des Retraites le 18 décembre 2019, en remplacement de Jean-Paul Delevoye.

Le député LaREM du Nord Laurent Pietraszewski a été nommé secrétaire d'Etat en charge des Retraites le 18 décembre 2019, en remplacement de Jean-Paul Delevoye. - BFMTV

DRH dans des hypermarchés Auchan, le nouveau secrétaire d'Etat en charge des retraites n'a pas laissé de bons souvenirs aux représentants CFDT du groupe.

Ancien directeur des ressources humaines de magasins du groupe Auchan, Laurent Pietraszewski, nommé mercredi secrétaire d'État en charge des retraites, a laissé un "mauvais souvenir" aux délégués CFDT qui l'ont côtoyé dans le Nord/Pas-de-Calais.

"Le premier contact avec lui, il avait fait très fort", a expliqué à l'AFP Guy Laplatine, délégué syndical CFDT pour le groupe Auchan Retail France, qui se souvient d'un épisode de "chasse aux sorcières particulièrement violent" à Béthune (Pas-de-Calais) au "début des années 2000".
"Il avait fait mettre en garde à vue une déléguée syndicale qu'il soupçonnait d'avoir donné un petit pain à une employée de la galerie marchande, comme si elle l'avait volé", raconte-t-il. "C'était complètement disproportionné. Il n'a jamais pu prouver que c'était vrai et, de fait, ça ne l'était pas".

La jeune femme, "très active" sur le plan syndical, avait "passé une nuit au poste" de police. Elle avait finalement été réintégrée après une mobilisation des salariés. "C'était clairement une discrimination syndicale, il voulait se séparer de la collègue", juge aujourd'hui Guy Laplatine.

Une version légèrement différente était cependant racontée par Laurent Pietraszewski lui-même dans L'Humanité en août 2017. Il aurait prononcé une mise à pied disciplinaire à l'encontre de l'employée et non un licenciement. "Mon rôle a été d'examiner des éléments objectifs, assumait à l'époque le député. Après avoir sollicité l'inspection du travail, j'ai pris cette décision. La collaboratrice ne l'a pas contesté aux prud'hommes." 

"Hypocrite" ou "ouvert au dialogue"?

Après Béthune, Laurent Pietraszewski a notamment travaillé plusieurs années pour l'hypermarché Auchan de Roncq (Nord), près de Lille. "Quand il est arrivé, c'était un cadeau empoisonné", se remémore Luc Fourrier, 57 ans dont 37 au sein du groupe et lui aussi délégué syndical CFDT.

"C'est des mauvais souvenirs, il n'a jamais été sincère. Le rôle des ressources humaines, c'est d'être à l'écoute, mais lui, c'était tout le contraire", dit-il à propos de Laurent Pietraszewski, qu'il décrit comme un homme "carriériste", qui "licenciait à tout-va. C'est un homme hypocrite et méchant".
"Des DRH, j'en ai connu d'autres, certains étaient vraiment humains, c'étaient des personnes fabuleuses, mais lui, ce n'est pas le cas", déplore-t-il.

Un ancien directeur des ressources humaines d'un autre magasin du groupe Auchan dans le Nord, qui a côtoyé à ce titre Laurent Pietraszewski dans les années 2000 sans travailler avec lui, se souvient au contraire de "quelqu'un de très ouvert, proche des collaborateurs, proche du syndicalisme également".

"Ca ne m'étonne pas qu'aujourd'hui, il soit mis en avant, il a vraiment une capacité" au dialogue social, estime ce cadre qui souhaite rester anonyme. Avant d'être élu député en 2017, son premier mandat, Laurent Pietraszewski a fait toute sa carrière chez Auchan où il est entré en novembre 1990. Il a exercé différents postes dans plusieurs magasins de la région lilloise, selon un porte-parole du groupe.

Il a ensuite intégré la direction des ressources humaines d'Auchan France en 2009, où il a passé huit ans, jusqu'à son départ en juillet 2017. "Ceux qui l'ont côtoyé gardent de lui le souvenir de quelqu'un d'abordable, à l'écoute et ouvert", précise le porte-parole.

F.B. avec AFP