La vraie-fausse embellie des chiffres du chômage

La baisse du nombre de chômeurs en catégorie A, B et C en juin est une baisse en trompe-l'oeil. - Philippe Huguen - AFP
0,0%. En juin, le nombre des demandeurs d'emplois n'ayant pas du tout travaillé durant le mois (catégorie A) semble identique à celui de mai. Mieux, le nombre des chômeurs tenus de chercher un emploi même s'ils ont travaillé quelques heures durant le mois (catégories A,B,C) a baissé de 0,3% entre mai et juin. Enfin une bonne nouvelle? Pas vraiment. Dans leur communiqué officiel, les services du ministère reconnaissent que cette évolution est due à une modification de la manière de classer les chômeurs.
Pôle emploi répartit en effet ses inscrits dans cinq catégories: A (chômeurs sans aucune activité), B et C (avec une activité réduite courte ou longue), et D et E (sans obligation de rechercher un emploi). Or à compter de juin 2015, Pôle emploi a accédé "à des données administratives plus complètes lui permettant de mieux connaître les demandeurs d’emploi".
L'agence a pu ainsi mieux repérer ceux qui sont "en formation, en service civique ou en contrat aidé dans l’insertion par l’activité économique". En somme, d'ex-salariés qui ne travaillent pas mais ne sont pas tenus de rechercher activement un emploi. Des personnes qui répondent donc aux critères des catégories D et E.
Augmentation massive en catégories D et E
Cette nouvelle méthode s'est traduite par "un transfert de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C vers les catégories D et E" souligne le communiqué. Si Pôle emploi avait continué comme avant, "le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A aurait été plus élevé de 10.000", donc à 11.300 chômeurs de plus au lieu de 1.300 seulement. Celui des demandeurs d’emploi en catégories A, B, C aurait été supérieur de 24.800, au lieu de diminuer de 16.800.
En d'autres termes, si on avait gardé le même mode de comptabilisation, le nombre de chômeurs en catégorie A aurait augmenté de 0,3% en juin par rapport à mai (après avoir crû de 0,5% en mai par rapport à avril). En catégorie A, B et C, la hausse aurait été de 0,1%. Pas de baisse donc.
Par ailleurs, les catégories D et E ont vu leurs effectifs grossir de manière conséquente: le nombre de demandeurs d'emplois y atteint 676.200 individus, soit une augmentation de 2,8% pour la catégorie D, et de 4,6% pour la catégorie C.
Les chiffres du chômage en juin
> Le nombre de chômeurs en catégorie A est resté stable par rapport à mai, avec 1.300 demandeurs d'emplois supplémentaires, pour s'établir à 3.553.500.
> En catégorie A, B et C, le nombre de chômeurs recule de 0,3% (-16.800 à 1.843.900 demandeurs d'emplois).
> Les catégories D et E grossissent leurs rangs, avec 676.200 inscrits en juin, soit une hausse de 2,8% en catégorie D et de 4,6% en catégorie E.
> En catégorie A, le taux de chômage des hommes augmente (0,2%) quand celui des femmes recule (-1,1%) sur le mois. Sur l'année, la situation est plus difficile pour eux (+5%) que pour elles (+4%).
> La situation des seniors continue d'être très difficile: le nombre de demandeurs d'emplois chez les plus de 50 ans augmente de 0,6% (+8,5% sur un an) quand celui des 25-49 ans ne croît "que" de 0,1% (+4% sur un an).
> Ce sont les jeunes qui ont le plus profité des réformes statistiques de Pôle emploi: en catégorie A, B et C, le nombre de chômeurs de moins de 25 ans diminue de 1,4% sur un mois, contre une baisse de 0,3% pour les 25-49 ans et une hausse de 0,4% pour les plus de 50 ans.
