La Grande-Bretagne envisage d'instaurer un nouveau jour férié pour relancer le tourisme

Jean-Baptiste Lemoyne - BFMTV
Faut-il supprimer un jour férié à partir de 2021 pour relancer l’économie après la crise du coronavirus? La proposition de l’Institut Montaigne présentée début mai a provoqué des remous en France.
Chez nos voisins britanniques, c’est le raisonnement inverse qui se dessine. Considérant les jours fériés comme une opportunité, l’office national en charge de promouvoir le tourisme, Visit Britain, a suggéré d’en inclure un nouveau dans le calendrier et de le caler au mois d’octobre, rapporte le Guardian. Une mesure qui permettrait de soutenir le tourisme alors que les pertes du secteur sont estimées à 37 milliards de livres cette année outre-Manche (41 milliards d’euros).
Avec le confinement, "l’industrie a perdu le bénéfice de deux jours fériés en mai. Je pense qu’un jour férié supplémentaire en octobre est une idée qui doit être envisagée, parce que nous allons devoir faire revenir des gens et pas seulement en juillet et août", a déclaré Patricia Yates, directrice générale de VisitBritain.
Il s’agit essentiellement de stimuler le tourisme intérieur sur lequel chaque pays européen va devoir compter cette année. Et peut-être un peu plus le Royaume-Uni sachant que le pays a rendu obligatoire, au moins provisoirement, le respect d’une quarantaine stricte pour toute arrivée sur son territoire.
Hausse des dépenses attendue
Downing Street n'a pas fermé les portes à la création d’un nouveau jour férié, assurant que le gouvernement "soutenait l’industrie du tourisme en cette période difficile" et qu’il répondrait à la proposition de Visit Britain en temps voulu. Néanmoins, "il convient de reconnaître qu’un jour férié supplémentaire entraîne des coûts économiques", a précisé un porte-parole du Premier ministre.
Des coûts pas si évidents selon le Center for Economics and Business Research (CEBR) qui estime que la perte de productivité perdu dans certains secteurs lors d'un jour férié peut être en partie compensée par sa hausse dans d’autres. Vice-président du Centre de recherche, Douglas McWilliams pense par ailleurs que l’instauration d’un jour férié en octobre permettrait stimuler l’économie à hauteur de 490 millions de livres (548 millions d’euros) dans le tourisme et le commerce:
"Cette année, il est fort à parier que l’augmentation des dépenses dans (le commerce de détail, l’hôtellerie et la restauration) lors d’un jour férié supplémentaire après une période d’épargne forcée pourrait être le double du coup de pouce habituel" observé à l’occasion d’un jour férié classique. Soit environ 440 millions de livres pour les commerces (hôtellerie et restauration compris) et 50 millions de livres pour le tourisme.
En 2012, le CEBR affirmait que le coût d’un jour férié pour l’économie britannique était de 2,3 milliards de livres. Avant d’indiquer quelques années plus tard qu’il était en réalité largement inférieur car les usines fermées étaient moins nombreuses qu’estimées et la perte de productivité pouvait être compensée.
La Grande-Bretagne compte 8 jours fériés (11 en Irlande du Nord) et se situe en dessous de la moyenne européenne (11 jours fériés).