BFM Business
Economie

La crise du covid aurait accentué les inégalités hommes-femmes au travail

62%  considèrent cependant que les interpellations familières de type "ma belle" ou "ma grande" sont bienveillantes, comparé à 58% des femmes cadres

62% considèrent cependant que les interpellations familières de type "ma belle" ou "ma grande" sont bienveillantes, comparé à 58% des femmes cadres - Unsplash- CC

Plus isolées, plus anxieuses, plus frappées par la charge mentale..., une étude du Boston Consulting Group évoque un retour en arrière inquiétant pour les femmes.

Que la crise du covid ait eu des conséquences néfastes sur la santé mentale des salariés est une certitude. Qu'il s'agisse de notre rapport au télétravail ou bien des angoisses liée à l'avenir professionnel, la pandémie et les confinements ont fortement impacté notre rapport au travail.

Selon une étude* du BCG (Boston Consulting Group), 33% des salariés interrogés considèrent que l'épidémie a des conséquences négatives sur leurs perspectives de carrière (promotion, mutation, etc). Et 70% se trouvent fréquemment en situation d’anxiété.

Et il semble que cette crise affecte plus durement les femmes selon l'étude. De quoi accentuer les inégalités avec les hommes, l'étude parlant même d'un "retour en arrière".

Anxiété accrue

Dans le secteur privé, seules 60% des femmes ont confiance en leur avenir professionnel, soit 15% de moins que les hommes.

Comment cela s’illustre dans leur quotidien au travail? Par rapport à leurs collègues masculins, elles sont 13% de moins à avoir entretenu leur réseau professionnel depuis le début de la crise, et 29% de moins à avoir pris la parole en réunion. Elles se sentent donc davantage isolées de leurs collègues.

En télétravail, elles sont 1,3 fois moins nombreuses que les hommes à disposer d'un espace isolé et ont 1,5 fois plus de risques d'être fréquemment interrompues lorsqu'elles télétravaillent.

La charge mentale est l’une des conséquences sans précédent de cette réorganisation du travail.

A la maison, les hommes en font certes plus depuis la crise, ce qui laisse espérer une transition vers un "nouvel équilibre" à plus long terme. Mais, même si l’augmentation des tâches domestiques et le temps consacré aux enfants concernent tous les parents salariés, les femmes portent toujours le plus gros du poids", souligne l'étude.

Charge mentale

Cette difficile conciliation vie professionnelle et personnelle pèse davantage sur la santé mentale des femmes: elles sont 1,3 fois plus susceptibles d'être en situation d'anxiété. D'ailleurs, 60% des femmes qui ont réduit leurs horaires appréhendent un retour aux horaires d’avant crise, contre 40% des hommes.

La crise a révélé et creusé davantage l’écart entre hommes et femmes dans la vie professionnelle. Alors comment s'assurer que les femmes cadres entre 25 et 40 ans ne soient pas une génération perdue?", s'interroge Jessica Apotheker, Directrice associée au BCG.

"Sans prise de conscience de la part des entreprises et de la société, sans attention particulière portée à l’accompagnement de carrière des femmes, on risque de ne pas sortir par le haut de la crise", prévient-elle.

* Le BCG a réalisé cette enquête avec Ipsos. 2002 salariés français travaillant habituellement en bureau ont été sondés, dont 1001 hommes et 1001 femmes, appartenant au secteur public comme privé (quotas définis à partir d’un échantillon représentatif de salariés).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business