Ukraine: comment les entreprises françaises aident leurs salariés à partir

A une forte présence, échoit une lourde responsabilité. En Ukraine, c'est 160 groupes français qui sont implantés, employant près de 30000 salariés, français mais aussi ukrainiens ou russes. C'est tout simplement la plus importante présence étrangère dans le pays.
Les entreprises doivent donc désormais faire face au conflit, et aident leurs salariés à quitter les lieux. Elles s'accompagnent de firmes spécialisées dans l'assistance de crise, comme International SOS, dont le directeur général, Arnaud Vaissié, était l'invité de BFM Business :
On a 600 clients en Ukraine et en Russie, les deux choses à prendre en compte, c’est le bien-être des salariés, et être en ligne avec les mesures de restriction mises en place par les différents gouvernements. Il faut gérer les deux parallèlement.
Il estime que le cas en Ukraine est exceptionnellement grave. "La situation est extraordinaire, on n'a en jamais connu de pareille." International SOS conseillait dès la mi-février de quitter l'Ukraine, et recommande désormais aux salariés non essentiels travaillant en Russie de partir.
Face à la demande, les moyens de transports sont réduits. Alors que l'Europe et les Etats-Unis ne survolent plus le conflit et ont clôturé l'espace aérien russo-ukrainien, ne restent plus que quelques vols vers le Moyen-Orient et l'Asie, où les places sont de plus en chères. Restent alors les points frontaliers, ou les migrations à l'intérieur du pays :
Beaucoup de salariés peuvent être bougés dans le pays, et sur les points de contact, comme la Pologne ou la Hongrie, on peut les aider à rentrer dans ces pays car le transport est compliqué, hasardeux. Le tout en les informant continuellement.
Lactalis, BNP Paribas, Ubisoft : 3 stratégies
Plusieurs entreprises se sont positionnées publiquement sur le sort réservé à leurs salariés, comme le groupe alimentaire Lactalis :
On a mobilisé tout notre réseau dans les pays frontaliers, Pologne, Moldavie, Hongrie, Roumanie, pour les accueillir aux frontières, pour les loger. Nous sommes en train de voir s’ils pourront travailler dans nos laiteries et fromageries, pour maintenir une activité", détaille Christophe Piednoël, directeur des relations extérieures.
Le secteur bancaire est lui aussi mis à contribution : avec plus de 7000 salariés, BNP Paribas a décidé de "dispositifs d’accueil de collaborateurs et de familles en provenance des villes et régions particulièrement touchées par les attaques", tout en maintenant le fonctionnement de sa filiale, Ukrsibbank. Même stratégie à Crédit Agricole, avec un fonctionnement maintenu des agences.
Ubisoft, implanté à Kiev, a de son côté apporté des aides financières à ses salariés locaux, et payé les salaires en avance pour faciliter un départ.
La firme spécialisée dans le jeu vidéo a aussi mis en place des hotlines. Point sur lequel insiste Arnaud Vaissié : en plus des lignes mises en place en russe et en ukrainien pour informer les deux pays, International SOS recommande aux entreprises "de mettre en place des plans pour savoir en permanence où sont les salariés". Des outils, comme TravelTracker, permettent de continuer à communiquer.