Moldavie: le "oui" l'emporte de justesse au référendum sur l’adhésion à l’Union européenne

La présidente moldave Maia Sandu, le 28 mars 2023 à Chisinau. - Elena COVALENCO / AFP
Une victoire en forme de camouflet. Maia Sandu, présidente pro-européenne de Moldavie, avait convoqué un référendum sur le principe d'une adhésion à l'UE pour valider sa stratégie, en plus du vote pour l'élection présidentielle, dimanche. Les négociations d’adhésion de la Moldavie ont débuté en juin dernier.
La présidente sortante a recueilli 38% des suffrages au premier tour. Sa victoire était plutôt attendue. Les sondages donnaient aussi le "oui" en tête. Finalement, le résultat est plus serré qu'attendu. Après une longue course en tête du "non", le "oui" à une adhésion à l'UE l'a emporté de justesse lundi matin (50,28%), à quelques milliers de voix près, grâce au vote de la diaspora, après dépouillement de près de 99% des bulletins.
Un système "sans précédent" d'achat de votes
Inquiète du résultat, Maia Sandu avait dénoncé dans un premier temps "une attaque sans précédent contre la démocratie".
"Des groupes criminels, en collaboration avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coup de dizaines de millions d'euros, de mensonges et de propagande."
Ces derniers mois, la police a mené 350 perquisitions et interpellé des centaines de personnes suspectées de vouloir perturber les élections pour le compte de Moscou. Jusqu’à 300.000 moldaves, si l’on inclut leurs proches, auraient été payés pour glisser des bulletins anti-Sandu et anti-UE dans l'urne soit environ un quart des électeurs enregistrés sur les listes dans ce pays de 2,6 millions d'habitants. La cheffe du parquet anticorruption dénonce les actions d’un "groupe criminel organisé qui opère de manière sophistiquée, comme des trafiquants de drogue ou d’armes".
D'après le groupe de réflexion WatchDog, Moscou a dépensé une centaine de millions de dollars à l'approche du scrutin. Au moins 15 millions d’euros auraient été transférés via des banques russes. Du jamais vu selon les autorités. A la manœuvre, un homme, Ilan Shor. Il s’agit d’un oligarque réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. En 2014, il avait détourné un milliard de dollars des caisses de trois banques nationales soit 12% du PIB moldave à l’époque. Sur les réseaux sociaux, Ilan Shor a ironisé sur "la déroute" de Maia Sandu et son "échec lamentable".
Un second tour difficile en vue
Maia Sandu affrontera au second tour Alexandr Stoianoglo, du Parti des socialistes de la République de Moldavie, parti eurosceptique et russophile. Cet ancien procureur a remporté 29% des suffrages. Aujourd’hui, il peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats soutenus de près ou de loin par le Kremlin.
La Moldavie compte deux régions pro-russes sur son territoire: la Transnistrie à l’Est et la Gagaouzie au Sud. Maia Sandu, ex-économiste de la Banque mondiale, a complétement tourné le dos à Moscou au début de la guerre l’Ukraine. Même si elle l’emportait, elle sortirait considérablement affaiblie de ce scrutin. Malgré la victoire du non au référendum, la Moldavie conserve son statut de candidat officiel mais le chemin vert l’adhésion parait bien compliqué face à une ingérence russe qui semble sans limite.