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L'UE s'est engagée auprès de Trump à acheter pour 750 milliards de dollars d'énergie aux États-Unis, est-ce vraiment réaliste?

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué samedi à Sofia le lancement des opérations commerciales d'un gazoduc gréco-bulgare

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué samedi à Sofia le lancement des opérations commerciales d'un gazoduc gréco-bulgare - Kenzo TRIBOUILLARD

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que les 27 achèteront pour 750 milliards de dollars de prioduits énergétiques (principalement des hydrocarbures) aux Américains sur trois ans dans le cadre de l'accord commercial signé dimanche.

C'est l'un des principaux points de l'accord commercial signé dimanche entre l'Union européenne et les États-Unis. En plus d'accepter des droits de douane de 15% sur la plupart des produits exportés outre-Atlantique, Bruxelles s'est engagée auprès de Donald Trump à acheter des quantités "significatives" de produits énergétiques américains pour remplacer ses importations en provenance de la Russie, a indiqué la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

"Nous remplacerons le gaz et le pétrole russes par des achats importants de GNL (gaz naturel liquéfié), de pétrole et de combustibles nucléaires américains", à hauteur de 750 milliards de dollars sur trois ans, a-t-elle précisé devant la presse en Ecosse, à l'issue d'une rencontre avec le président américain Donald Trump.

Fin 2024, avant même son investiture, le locataire de la Maison Blanche avait déjà indiqué avoir "dit à l'Union européenne qu'elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz".

Un triplement des importations

Les détails sur la façon dont les 750 milliards d'euros seront répartis n'ont pas été dévoilés mais la promesse semble d'ores et déjà difficile à tenir. Si Ursula von der Leyan a assuré que le montant de 750 milliards était une estimation réalisée sur la base du plan européen visant à abandonner les approvisionnements en gaz russe et à acheter du gaz naturel liquéfié "plus abordable et de meilleure qualité" aux Américains, la somme semble considérable.

À titre de comparaison, les importations européennes totales d'énergie en provenance des États-Unis ont représenté en 2024 moins de 80 milliards de dollars, rappelle Bloomberg. Or, l'engagement de l'UE s'il était respecté conduirait à 250 milliards de dollars d'achats annuels. Il faudrait donc plus que tripler les importations.

Un cap d'autant plus difficile à franchir que l'UE a déjà nettement augmenté ses importations d'énergie en provenance des États-Unis, et en particulier de GNL, dont ils sont les premiers producteurs. Pour en finir avec sa dépendance au gaz russe, les 27 ont convenu avec Joe Biden dès l'invasion de l'Ukraine en 2022 de porter leurs approvisionnements en GNL à 15 milliards de mètres cubes.

Les États-Unis, deuxième fournisseur de gaz

D'après Bruxelles, l'UE a importé en 2024 plus de 100 milliards de mètres cubes de GNL dont 45% en provenance des États-Unis. Des volumes venus d'outre-Atantique qui ont doublé en l'espace de trois ans. De quoi propulser les États-Unis au rang de deuxième fournisseur de gaz de l'UE, derrière la Norvège.

Mais "750 milliards de dollars, c'est énorme pour trois ans, et je ne vois pas très bien ce que cela impliquera au-delà du GNL et de quelques autres hydrocarbures", a déclaré auprès de Bloomberg Maximo Miccinilli, responsable énergie et climat du cabinet de conseil FleishmanHillard EU.

Pour respecter son engagement, l'UE devrait aussi augmenter massivement ses imporations de pétrole américain qui ont représenté 19 milliards de dollars au premier semestre, soit 14% de la consommation totale du continent.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco