L'armateur singapourien Express Feeders refuse de payer un milliard de dollars au Sri Lanka pour avoir pollué ses côtes

Une plage de Colombo, au Sri Lanka, recouverte de microbilles de plastique, en mai 2021 - ISHARA S. KODIKARA / AFP
La compagnie maritime singapourienne Express Feeders, à l'origine de la pire pollution qu'ait connue le Sri Lanka, a fait savoir, mardi 23 septembre, qu'elle refusait de payer le milliard de dollars de dommages et intérêts auquel elle a été condamnée dans cette affaire.
"Nous ne payons pas parce que toute la base du commerce maritime repose sur la limitation de responsabilité", a déclaré Shmuel Yoskovitz, directeur général de Express Feeders.
La Cour suprême du Sri Lanka lui a ordonné en juillet le paiement d'un milliard de dollars en dommages et intérêts provisoires, pour le naufrage du MV X-Press Pearl qui transportait notamment 25 tonnes d'acide nitrique et 28 conteneurs de granulés plastique. Le navire avait sombré au large du port de Colombo en juin 2021 après avoir brûlé pendant près de deux semaines. La pêche avait dû être interdite pendant des mois.
Un tel paiement "pourrait créer un précédent dangereux quant à la façon dont les accidents maritimes seront résolus à l'avenir", a ajouté Shmuel Yoskovitz. La Cour suprême du Sri Lanka a prévu une audience jeudi à Colombo pour examiner l'état d'avancement de la mise en oeuvre de sa décision.
80 kilomètres de plage pollués
Les défenseurs de l'environnement avaient saisi le tribunal, estimant que les autorités gouvernementales et les propriétaires du porte-conteneurs n'avaient pas réussi à empêcher l'incendie à l'origine de cette catastrophe écologique sans précédent.
Selon Shmuel Yoskovitz, Express Feeders a déjà dépensé 170 millions de dollars pour retirer l'épave, nettoyer les fonds marins et les plages et indemniser les pêcheurs touchés, car c'était "la bonne chose à faire".
Ils ont ensuite obtenu une ordonnance d'un tribunal maritime de Londres en juillet 2023, limitant la responsabilité de l'armateur à un maximum de 25 millions de dollars. Le Sri Lanka a fait appel de cette décision.
Des milliers de tonnes de granulés plastique - un granulé fait en moyenne 0,5 cm -, destinés à l'industrie de l'emballage sri-lankaise avaient été relâchés par le navire, polluant un tronçon de 80 kilomètres de plage le long de la côte ouest de l'île. La compagnie singapourienne avait présenté ses excuses au Sri Lanka.
Le navire transportait également 81 conteneurs de produits chimiques dangereux, dont 25 tonnes d'acide nitrique et des lingots de plomb. Colombo estime que l'incendie a été causé par une fuite d'acide nitrique, dont l'équipage semblait avoir connaissance neuf jours avant que l'incendie ne commence. Les ports du Qatar et de l'Inde avaient refusé de décharger l'acide nitrique qui fuyait.