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En interdisant les étudiants étrangers à Harvard, Donald Trump frappe l'université directement au portefeuille

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L'administration américaine accuse la prestigieuse université d'Harvard d'accueillir des étudiants "antiaméricains" et lui a déjà coupé des subventions. En l'obligeant à renvoyer les étudiants étrangers, qui représentent un quart du campus, elle frappe encore plus fort.

Le bras de fer se durcit entre Donald Trump et Harvard. Après que le ministère de la sécurité intérieure a accusé l’université d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme et d’avoir permis à des "agitateurs antiaméricains et proterroristes" d’agresser des étudiants juifs, l'administration américaine a retiré à Harvard le droit d’accueillir des étudiants étrangers. Ceux actuellement présents sur le campus "doivent être transférés ou perdre leur statut légal".

La prestigieuse université, située à Cambridge, dans le Massachussetts, a immédiatement organisé sa défense en attaquant le gouvernement américain en justice. Il faut dire que la menace est grave. Avec une telle interdiction, l'administration américaine frappe Harvard directement au portefeuille puisque les étudiants étrangers représentent plus d'un quart de ses effectifs (27%).

L'université risque d'être ainsi privée des frais d'inscription faramineux payés par ces quelque 6.700 étudiants étrangers, soit 60.000 dollars en moyenne par personne chaque année. Les frais de scolarité pèsent un cinquième des revenus annuels de Harvard.

Harvard frappée directement au portefeuille

La ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem lui a intimé de fournir dans les 72 heures toute une série d'informations dont elle disposerait sur d'hypothétiques activités "illégales" de ses étudiants étrangers dans les cinq dernières années. Sans quoi elle ne retrouvera pas son "privilège" d'accueillir les étudiants étrangers.

C'est donc une nouvelle source importante de financement de l'université qui est gravement menacée par le gouvernement Trump. En avril, il avait annoncé couper les subventions fédérales, 700 millions de dollars par an soit 11% des revenus de Harvard.

Malgré ces attaques, l'université la plus riche du monde refuse toujours de se plier aux exigences de la Maison Blanche. Car sa première source de revenus est pour l'heure épargnée: les dons, à travers le soutien massif de figures comme Bill Gates, représentent 45% des revenus de Harvard. Preuve qu'il lui reste de la marge de manoeuvre, Harvard a annoncé un investissement audacieux de 250 millions de dollars pour la recherche.

Harvard fait le dos rond, Columbia a cédé

Mais Donald Trump veut continuer à accentuer la pression. Il a notamment promis de supprimer une exemption fiscale qui, selon Bloomberg, permet à Harvard d'économiser 465 millions de dollars par an. L'université se prépare. Depuis mars, elle a émis plus d'un milliard de dollars sur le marché obligataire.

Un luxe que n'a pas pu se permettre une autre université américaine réputée, celle de Columbia, à New York. Épicentre des manifestations pro-palestiniennes au printemps 2024, elle a été durement sanctionnée par Donald Trump, qui lui a coupé 400 millions de dollars de subventions en mars.

Dos au mur, Columbia a accepté de se doter d'un nouveau service d'ordre, composé de "36 agents spéciaux", mais aussi d'un vice-recteur chargé de superviser les départements sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique, que le gouvernement américain souhaitait placer sous "tutelle académique". Des réformes qui ne l'ont pas empêché de devoir supprimer 180 postes, faute de financement suffisant.

Laura Cambaud, avec Clément Lesaffre