Cernée par une multitude de sanctions, qu'est-ce que la Russie ne peut plus faire?

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février de l’année dernière, les Occidentaux -Etats-Unis et Union Européenne en tête- ont multiplié les sanctions contre le régime de Moscou dans le but d’affaiblir son économie et de réduire ses capacités à faire la guerre. Pétrole, commerce, finance, transports, technologies... En tout, plus de 12.000 mesures individuelles toucheraient le pays, ses organisations et ses personnalités. Tour d’horizon des principales restrictions mises en place contre la Russie un an après le début des hostilités.
Les puissances occidentales tentent de se sevrer de l'or noir russe
La Russie est sur le podium des plus gros exportateurs de pétrole au monde. La santé de son économie est de fait largement dépendante de son commerce d’hydrocarbures, d’autant plus qu’elle est aussi première sur le gaz. Pour la frapper au portefeuille sans trop se fragiliser eux-mêmes, les Européens, les Etats-Unis et leurs alliés ont décidé de fermer, ou presque, leur manne à pétrole russe.
Tandis que les Américains ont rapidement décrété un embargo, ce n’est que depuis décembre qu'aucun bateau ne peut amarrer dans un port européen pour décharger du pétrole russe brut. Pour les produits raffinés-qui comprennent gazole, fioul domestique ou encore kérosène-, une interdiction similaire est entrée en vigueur récemment, le 5 février dernier. Un coup pour la Russie dont près de 90% de son pétrole arrive par bateau sur le vieux continent, mais aussi pour les pays européens dont certains se ravitaillaient en grande partie en Russie et doivent désormais trouver des alternatives.
En plus de l’embargo, l’Europe et le G7 se sont accordés sur un plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril, une mesure qui doit réduire les revenus que la Russie tire de ses exportations pétrolières vers des pays tiers.
Malgré ces salves de sanctions successives visant le secteur de l’énergie russe, Moscou a trouvé jusque-là des moyens de contourner les embargos en vigueur via d'autres pays comme l’Inde ou le Pakistan.
Exclusion du système bancaire mondial
Plusieurs banques russes ne peuvent plus utiliser SWIFT. Ce système de transferts d'informations bancaires relativement peu connu du grand public est pour autant un mécanisme essentiel des échanges financiers internationaux. Il est entre autres à l’origine du code BIC qui permet d’authentifier les banques et ainsi de faciliter les ordres de paiements entre organismes. Il connecte plus de 11.000 organisations à travers plus de 200 pays.
Ne plus avoir accès au réseau SWIFT complique les échanges de fonds des banques russes avec leurs homologues autour du globe. La sanction cependant est à double tranchant: l’inverse est aussi vrai. Par ailleurs, Moscou a, depuis plusieurs années déjà, développé des alternatives à ce système.
Côté financier, plusieurs puissances occidentales ont en outre rapidement décidé de geler les réserves de change que la banque centrale russe détient chez eux.
Sur les 643 milliards de dollars et d’or que la banque avait accumulé à l’étranger au fil des ans, plus de la moitié serait gelée, d’après une estimation de l’UE, limitant ainsi la capacité du pays à soutenir la valeur de sa monnaie, le rouble.
Armes, technologies de pointe... ce que la Russie ne peut plus acheter
La Russie et les grands pays occidentaux n’ont pas arrêté de commercer. Pour autant, il y a certains produits que la Fédération russe ne peut plus se fournir directement chez les grandes puissances occidentales. Cette liste spécifique contient notamment les technologies de pointe-et parmi celles-ci, les précieux semi-conducteurs avancés- avions, armes ou encore produits de luxe. La plupart des interdictions servent à entamer les capacités militaires russes.
À l’inverse, certaines marchandises fabriquées dans le plus vaste pays du monde ne sont plus censées passer les frontières de l’Union Européenne, des Etats-Unis et de leurs alliés. Or, acier, charbon, bois, caviar ou encore vodka, la Russie doit trouver des routes alternatives pour vendre ses produits.
“Les restrictions à l'exportation et à l'importation excluent les produits principalement destinés à la consommation et les produits liés à la santé, à l'industrie pharmaceutique, à l'alimentation et à l'agriculture, afin de ne pas nuire à la population russe,” explique l’Union Européenne.
En plus des limites sur les importations et exportations, des centaines d'entreprises du monde entier ont annoncé leur retrait ou la suspension de leurs activités en Russie suite à son invasion de l’Ukraine l'année dernière. Le Yale Chief Executive Leadership Institute en dénombrait plus de 1000 mi-février.
Les personnalités sous le coup de sanctions
Les Occidentaux ont également décidé de frapper directement des personnalités russes. Pour celles-ci, il ne leur est plus ni permis de voyager ni de récupérer l’argent qu’ils avaient déposé dans les banques étrangères des pays instigateurs de ces sanctions. De façon plus anecdotique, ils ne peuvent plus profiter de leurs yachts, villas, avions ou autres biens de luxe...
L’Union Européenne dénombre presque 1400 personnes qui sont actuellement sous le coup de ces restrictions, certaines depuis plus longtemps. Au premier plan il y a, sans surprise, le président russe Vladimir Poutine, puis l’on retrouve son ministre des affaires étrangères, des hommes d’affaires “de premier plan” ou encore des oligarques “liés au Kremlin.”
Le panorama n'est pas complet. On pourrait encore évoquer la fermeture de l'espace aérien des puissances occidentales aux avions russes ou la suspension de certains médias comme Russia Today ou Sputnik.
La Russie a rétorqué presque coup pour coup aux sanctions dont les gouvernements occidentaux vantent régulièrement l'efficacité tandis que Vladimir Poutine avait dit en septembre dernier que son pays "n'a rien perdu et ne perdrait rien." En plus d'une guerre de terrain en Ukraine que beaucoup prévoient longue, la bataille économique, elle aussi, risque de durer. Une question se pose: la coalition occidentale a-t-elle vraiment réussi à faire plier l'économie russe? Alors que Vladimir Poutine défendait le 21 février son bilan économique dans un discours à la Nation russe, pour le président français "l'économie russe souffre".