Vincent Bolloré verrouille sa machine à cash

Vincent Bolloré n’en a jamais fini avec les opérations financières. Ce vendredi, Vivendi termine son OPA sur Lagardère. Alors qu’il en détient déjà 45%, aucun doute qu’il passera le seuil symbolique des 50% pour en prendre le contrôle.
Une fois cette étape passée, il va s’atteler à verrouiller le capital de Vivendi dont le groupe Bolloré ne détient "que" 27%. Tous les investisseurs s’attendent à un rachat d’actions massifs de Vivendi qui permettrait au groupe Bolloré d’augmenter mécaniquement sa participation et de prendre le contrôle du groupe de médias. Tout ceci sans que la famille Bolloré ne débourse un euro. L’opération, d’un montant maximum de 8 milliards d’euros, serait financée par la trésorerie de Vivendi. Vincent Bolloré veut d’ailleurs mettre la main sur ce magot de 9 milliards d’euros de cash provenant de la vente de 30% d’Universal Music.
OPA sur Vivendi
Le groupe Bolloré lancera ensuite une OPA sur Vivendi alors qu’il a assuré qu’il ne demanderait pas de dérogation à l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Plus qu’une OPA, on peut s’attendre à une "OPE", échange d’actions entre Vivendi et le groupe Bolloré. Cette solution permettrait à Vincent Bolloré d’avaler Vivendi, encore une fois, sans dépenser un euro. Il avait déjà procédé ainsi il y a cinq ans en absorbant Havas dans Vivendi.
Fidèle à sa réputation, celui que l’on surnomme depuis trente ans "le petit prince du cash" s’assurerait ainsi, chaque année, les 600 millions d’euros de dividendes de Vivendi. Le groupe Bolloré va devenir une machine à cash alors qu’il détient aussi 18% d’Universal Music et qu’il va récupérer 5,7 milliards d’euros de la vente de ses activités de logistique en Afrique.
Vincent Bolloré s'occupe de sa société familiale
En parallèle, Vincent Bolloré poursuit la simplification de son empire. Depuis une semaine, sa société familiale, Compagnie de l’Odet, a racheté pour 68 millions d’euros d’actions du groupe Bolloré, selon une dizaine d’avis de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Des mouvements qui ont alerté les investisseurs.
"Des fonds d’investissement se positionnent et pensent que Vincent Bolloré prépare un coup, confirme un avocat d’affaires qui suit le dossier. Mais personne ne sait lequel!".
Dans la logique de Vincent Bolloré, la Compagnie de l’Odet va prendre de l’ampleur et devenir la "tour de contrôle patrimoniale de sa famille", explique un de ses proches. Elle détient déjà 63% du groupe Bolloré.
Il y a un an, les analystes d’Oddo estimaient d’ailleurs que Vivendi pourrait passer dans son giron. Un scénario "pyramidal" qui permettrait au groupe Bolloré et à Vivendi d’être indépendants l’un de l’autre, chacun sous la houlette de la Compagnie de l’Odet, dirigée par Vincent Bolloré. Ses enfants, Yannick et Cyrille, qui dirigent respectivement Vivendi et le groupe Bolloré, ayant chacun leur périmètre. "Cette option est peu probable, explique un proche. Cela conduirait à affaiblir le groupe Bolloré qui profite de Vivendi". Mais elle permettrait de mieux valoriser la société familiale Odet et d’y remonter plus de cash. Au bout du compte, Vincent Bolloré choisira l’option qui lui rapportera le plus d’argent.