Ryanair menace encore de quitter la Belgique

Ryanair continue à mettre la pression sur la Belgique. Face aux appels à la grève des syndicats et aux augmentations des taxes aéroportuaires, Michael O’Leary, le patron de la compagnie low cost menace une nouvelle fois de quitter le pays.
"Je ne vois aucune croissance dans votre pays pour les 12 prochains mois. La Belgique, ce pays qui me tient tant à cœur, notamment pour ses syndicats, a un modèle économique bizarre" assène-t-il dans une interview accordée à La Libre Belgique.
L’aéroport de Bruxelles-Zaventem "fait partie de ces bases que nous surveillons de très près. Je ne peux pas garantir que nous ne fermerons pas cet hiver" indique-t-il. Et le PDG dit réfléchir "au retrait des avions" à l'aéroport de Charleroi-Brussels South.
"Qui a inventé cette merde?"
"Nous irons là où il y a de la croissance et là où nous pouvons faciliter notre modèle à faible coût. Si nous avons un meilleur accord avec un autre aéroport, nous déménagerons", ajoute Michael O’Leary.
Le patron fustige notamment l'augmentation des taxes aéroportuaires et passagers dans le pays: "Qui a inventé cette merde? Brussels Airlines, qui passe par Francfort pour ses vols long-courriers, ne la paie pas. C’est une blague! Nous préférons taxer les pauvres qui voyagent avec Ryanair" s'offusque Michael O’Leary.
"En plus de cette taxe stupide qui pénalise les aéroports belges, la direction de Zaventem a eu la brillante idée d’augmenter ses tarifs alors que l’aéroport a perdu 30% de son trafic" poursuit-il.
Mais ce sont bien les revendications des salariés (pilotes et hôtesses/stewards) qui ulcèrent la direction. Fin août, un groupe de 46 pilotes a attaqué la compagnie aérienne devant la justice belge pour réclamer des hausses de salaires, après plusieurs mouvements de grève en Europe cet été.
Les pilotes ont saisi le tribunal du travail de Charleroi pour obtenir un rétablissement de leurs salaires à leur niveau d'avant la pandémie de Covid-19.
Les pilotes belges attaquent la compagnie en justice
Pendant cette crise, qui avait cloué au sol une grande partie de l'aviation civile européenne, Ryanair avait obtenu de ses pilotes une baisse de rémunération de 20%, en invoquant l'impératif de réaliser des économies et en menaçant de recourir à des licenciements, selon la Confédération des syndicats chrétiens (CSC).
Mais le syndicat accuse aujourd'hui la compagnie d'avoir utilisé ces baisses de salaires pour gagner des parts de marché après le redémarrage de l'activité en Europe et la levée des restrictions sanitaires.
La stratégie de Ryanair est connue. La compagnie avait déjà agité la même menace à Marseille ou au Portugal après de nombreuses tensions sociales.
D'ailleurs, certains syndicats ne sont pas dupes. Pour le secrétaire permanent de la CNE Yves Lambot cité par le média belge Moustique, ces menaces sont "du pipeau" étant donné que Ryanair, tout comme la plupart des compagnies aériennes, doit gérer une reprise très forte et mal anticipée du trafic et a donc besoin de toutes ses bases et lignes pour répondre à la demande.
D'autant plus que depuis l'aéroport de Bruxelles-Charleroi, Ryanair propose pas moins de 121 destinations, il s'agit donc d'un centre névralgique stratégique pour la compagnie.