Reprise du trafic aérien: les aéroports européens veulent leur part du gâteau

Comme le sentiment d'être privés des fruits de la reprise. Alors que le trafic aérien mondial se rapproche de plus en plus de l'ère pré-pandémique, les sociétés d'aéroports européennes se sentent flouées. Lors de son congrès annuel, l'Airports Council International (ACI) qui fédère la plupart des sociétés aéroportuaires de la planète, a ainsi affiché un certain agacement.
Les sociétés aéroportuaires estiment être sous pression à cause de l'inflation, de la hausse des taux d'intérêt qui frappent leurs emprunts et des coûts colossaux à venir liés à leur décarbonation. Dans le même temps, elles regrettent ne pas percevoir assez des compagnies aériennes qui font le plein de passagers, passagers qui n'ont jamais payé aussi cher leurs billets.
Les redevances "ont en fait diminué en termes réels"
"Malgré le fait que le prix du transport aérien pour les consommateurs ait explosé, les frais payés par les compagnies aériennes pour l’utilisation des installations aéroportuaires ont tendance à rester en dessous de la couverture des coûts", se désole Olivier Jankovec, directeur général d'ACI Europe auprès d'AOF (Option Finance).
"Alors que les tarifs aériens pratiqués par les compagnies ont augmenté de 32% par rapport aux prix pratiqués avant la pandémie, les redevances aéroportuaires n'ont augmenté que de 7%, ce qui signifie qu'elles ont en fait diminué en termes réels", ajoute-t-il.
Les aéroports européens affichent tout de même un bénéfice net de 6,4 milliards d’euros en 2022 après une perte de plus de 20 milliards d’euros pendant la pandémie.
Le responsable exige donc une hausse de la taxe aéroportuaire versée par chaque compagnie aérienne, taxe prélevée sur chaque billet vendu. "Les régulateurs et les gouvernements doivent accepter que les pressions sur les coûts et les besoins d'investissement nécessitent un ajustement à la hausse des redevances aéroportuaires" poursuit Olivier Jankovec.
A la fin, c'est le passager qui paiera
L'organisation souligne que le contexte freine les investissements actuels et futurs. L'ACI estime qu'en Europe, ces dépenses vont passer à 18,4 milliards d'euros pour la période 2023-2025 alors la prévision précédente était de 34,6 milliards.
Une chose est sûre, si cette redevance augmente, c'est le passager qui in fine la paiera, de quoi renchérir encore un peu plus des billets qui ont vocation à encore augmenter dans les prochaines années.
Un passage obligé pour Augustin de Romanet, président du groupe Aéroports de Paris (ADP). "La priorité absolue pour que le transport aérien soit vivable, c'est qu'il soit décarboné. Il y a deux solutions, soit le contribuable paye 100%, soit on accepte de faire contribuer un peu le passager", expliquait-il sur BFM Business en février dernier.