Pourquoi Air Caraïbes et Air Antilles écopent de 14,5 millions d'euros de sanctions

Un avion de la compagnie Air Caraïbes sur le tarmac de l'aéroport Paris-Orly, le 27 août 2019 - ERIC PIERMONT © 2019 AFP
C'est une sanction lourde. L'Autorité de la concurrence annonce ce mercredi avoir condamné Air Caraïbes et Air Antilles ainsi que Mile Plus une société de conseil spécialisée dans le secteur aérien à hauteur de 14,57 millions d'euros dont 13 millions pour Air Caraïbes et Miles Plus et 1,5 million contre Air Antilles à travers sa maison mère.
En cause, un "pacte de non-agression" entre les deux compagnies qui s'est traduit par "une entente sur les prix et sur les offres pour les liaisons inter-îles dans les Caraïbes françaises. Les liaisons aériennes concernées sont celles reliant Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, ainsi que celles entre chacune de ces deux villes et Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue.
Selon les sages de la rue de l'Echelle, les trois entreprises "ont mis en œuvre, entre 2015 et 2019 quatre ententes ayant pour objectif de permettre à Air Antilles et à Air Caraïbes de procéder à des hausses de tarifs importantes et de réduire l’offre tout en préservant leurs parts de marché respectives".
"Ces pratiques s’inscrivaient dans le cadre d’un accord de non-agression dont le volet tarifaire interdisait à chacune des deux compagnies d’être moins disante. Cet accord leur a permis de pérenniser le niveau des prix et les nouvelles conditions applicables aux tarifs atteints fin décembre 2017, et ce au moins jusqu’au 31 décembre 2019", souligne l'Autorité.
"Un degré élevé de sophistication dans la dissimulation"
"Parallèlement, les compagnies se sont coordonnées pour réduire leur offre et se répartir les créneaux horaires les plus rémunérateurs afin d’éviter une concurrence frontale entre elles et d’augmenter le prix moyen des billets vendus", peut-on lire dans un communiqué.
Soit, "des pratiques graves au détriment des consommateurs et de l'économie caribéenne de la part de deux opérateurs en situation de duopole sur un territoire insulaire avec une clientèle captive soumise par ailleurs au phénomène de la vie chère".
Surtout, l'Autorité pointe un "degré de sophistication dans la dissimulation des échanges élevé, en raison notamment de l’utilisation d’une adresse électronique sous forme de pseudonyme et de noms de code, ainsi qu’en raison du recours à deux intermédiaires (Miles Plus et un salarié d’Air Antilles, dont la compagnie affirmait pourtant qu’il y avait cessé toute fonction, qui continuait à travailler discrètement pour elle depuis la métropole)".
"Air Caraïbes prend acte de la décision de l'Autorité de la concurrence publiée ce jour et qui est relative à des faits anciens concernant uniquement le réseau régional antillais", a réagi la compagnie dans un communiqué transmis à BFM Business.
"Nous analysons cette décision avec nos conseils afin d'envisager d'éventuelles suites à donner", a ajouté le transporteur.