Pannes à répétition, manque de contrôleurs... Le transport aérien est en crise aux Etats-Unis et le gouvernement peine à rassurer

Le terminal A de l'aéroport de Newark Liberty - PANYNJ
Petit à petit, la défiance envers l'aérien aux Etats-Unis grandit et angoisse les américains, très gros consommateurs d'avions pour les déplacements intérieurs.
De multiples incidents ont en effet lieu dans les aéroports américains.
En février, deux avions ont été contraints d'interrompre leur atterrissage pour éviter des collisions à l'approche de l'aéroport national de Washington et le second de celui de Chicago Midway.
En janvier, une collision aérienne a coûté la vie à 67 personnes, elle s'est produite entre un hélicoptère militaire et un avion de ligne d'une filiale d'American Airlines en approche de l'aéroport Ronald-Reagan.
Et plus récemment, début mai et en avril, plusieurs coupures de communication ont touché le centre de contrôle gérant les vols en approche de l'aéroport de Newark l'un des trois aéroports de New York, provoquant de multiples perturbations et surtout beaucoup de questions. Le dernier incident de ce type en date a même provoqué un arrêt au sol des avions de 45 minutes.
Moins de vols à New York
La cause de tous ces incidents? Du matériel trop ancien utilisé par les aéroports et un manque criant de contrôleurs aériens.
En septembre 2023, l'organisation du trafic aérien et le syndicat national des contrôleurs aériens (NATCA) évaluaient à plus de 3.000 le nombre de contrôleurs manquants dans les tours des aéroports américains.
Face à ce déficit, le régulateur a demandé à l'été 2023 aux compagnies aériennes de réduire de 20% le nombre de vols aux trois aéroports de New York (JFK, LaGuardia et Newark) et à celui de Ronald-Reagan de la capitale fédérale Washington. Cette requête a été reconduite au moins jusqu'en octobre 2025.
Si le patron de la compagnie United Airlines, Scott Kirby, a assuré que "tous les vols en provenance et à destination de Newark sont absolument sûrs" et que l'Etat fédéral s'attache à souligner que le ciel américain est "le plus sûr", le ministre des Transports Sean Duffy a annoncé une refonte du système de contrôle aérien américain.
En attendant, il faut rassurer. "Je prends toujours l’avion depuis Newark", insiste Sean Duffy auprès de NBC News, "ma famille prend l’avion depuis Newark".
Et de promettre d'importants travaux de modernisation à Newark ainsi qu'un programme de recrutement et de fidélisation de contrôleurs grâce une augmentation de salaire de 30% et une simplification du processus. En attendant, le trafic de l'aéroport international, très fréquenté, sera réduit.
Plus globalement, l'Etat fédéral s'est engagé à refondre le système de contrôle aérien du pays, notamment à travers la construction de nouveaux centres de contrôle.
"Nous ne sommes plus la référence"
Le pays, autoconvaincu depuis des années de la sécurité de son espace érien et de ses infrastructures, s'interroge. D'ailleurs, en mars, une audition de responsables du secteur devant la Chambre des représentants a débouché sur des conclusions pas vraiment rassurantes.
"Nous ne sommes plus la référence absolue de l’aviation", a ainsi témoigné Paul Rinaldi, qui a passé 30 ans à la FAA, dont la moitié en tant que contrôleur aérien, rapporte CNN. "Nous ne sommes même pas sur le podium mondial", poursuit l'expert qui bat donc en brèche l'idée ancienne et répétée que le système d’aviation du pays était la "référence absolue" en matière de sécurité.
Un avis confirmé par Troy Nehls, président du sous-comité sur l’aviation, qui a souligné que 105 des 138 systèmes de la Federal Aviation Administration (FAA) ne sont pas viables ou potentiellement viables.
"Pour un pays qui se considère comme la référence absolue en matière de sécurité aérienne, ces chiffres sont inacceptables et nous devons faire mieux", a déclaré Nehls, un député républicain du Texas, dans son discours d’ouverture.
"S’il est facile de rejeter la faute sur la FAA, et sa gestion de projet n’est certainement pas irréprochable, nous devons également examiner nos propres lacunes".