La maison mère de British Airways renonce à racheter Air Europa

Air Europa - -
C'est la deuxième fois que le groupe IAG renconce à racheter la compagnie aérienne espagnole Air Europa. Ce jeudi, la maison mère de British Airways et d'Iberia a justifié cette décision en raison du "contexte réglementaire" européen.
50 millions d'euros d'indemnisation à Globalia
"International Airlines Group (IAG) annonce aujourd'hui sa décision de mettre fin à l'accord" dans lequel il "s'était engagé à acquérir les 80% restants du capital social émis d'Air Europa, a indiqué le groupe dans un communiqué transmis par le gendarme boursier espagnol.
"Le conseil d'administration a estimé que, dans le contexte réglementaire actuel, la poursuite de l'opération ne serait pas bénéfique pour les actionnaires", continue IAG qui précise qu'elle versera 50 millions d'euros d'indemnisation à Globalia, le groupe espagnol propriétaire d'Air Europa, en compensation de cette résiliation.
"Nous pensons que c'est la meilleure décision pour protéger les intérêts de notre actionnaires. IAG reste attaché à sa stratégie, qui comprend une concurrence efficace depuis son hub de Madrid, une stratégie qui donne des résultats positifs", a commenté Luis Gallego, PDG d'IAG.
IAG avait annoncé cette acquisition dès 2019, avec l'idée de renforcer ses liaisons vers l'Amérique latine et faire de Madrid l'un des principaux hubs européens.
Le projet avait été mis à mal par la pandémie de Covid-19, qui avait conduit IAG à diviser par deux son offre initiale, puis par les réticences de la Commission européenne, inquiète d'une réduction de la concurrence sur le marché espagnol.
Mais en février 2023, IAG avait annoncé l'acquisition d'Air Europa pour 500 millions d'euros auprès de la société espagnole Globalia, quelques mois après la conversion en actions de 20% d'un prêt de 100 millions d'euros à Globalia. Il ne lui restait plus qu'à acquérir désormais les 80% restants pour 400 millions d'euros.
La marque Air Europa devait être conservée, sous la gestion d'Iberia, mais l'opération était soumise au feu des autorités européennes.
Enquête de Bruxelles
En janvier, Bruxelles avait ouvert une enquête sur ce projet de rachat, redoutant que l'opération ne réduise la concurrence sur plusieurs liaisons.
La Commission européenne s'alarmait des conditions de concurrence sur les liaisons intérieures espagnoles, particulièrement entre la péninsule et les îles Baléares et les Canaries, sur les liaisons entre Madrid et certaines des principales villes européennes, ainsi qu'avec Israël et le Maroc
Les liaisons long-courriers entre Madrid et l'Amérique du Nord et l'Amérique latine étaient également concernées par l'enquête.
C'est donc à cette enquête que se réfère IAG lorsqu'elle évoque le "contexte réglementaire", même s'il a précisé qu'il maintenait sa participation minoritaire de 20% dans Air Europa.
Le groupe britannique avait bien tenté la négociation en se disant en avril prêt à céder à la concurrence 40% des liaisons assurées par cette société afin d'obtenir le feu vert de Bruxelles à cette acquisition.
"Nous garantissons qu'après la clôture de cette transaction, il n'y aura pas une seule liaison où Iberia et Air Europa opéreront de façon exclusive: il y aura toujours un concurrent", avait assuré à l'époque Luis Gallego.
IAG, qui contrôle aussi la compagnie irlandaise Aer Lingus, est le troisième groupe aérien en Europe derrière Ryanair et Lufthansa. Air Europa est quant à elle la troisième compagnie ayant la plus forte présence en Espagne, après IAG et Ryanair.
Air Europa dispose actuellement d'une flotte de 50 appareils, et de 15 supplémentaires en commande auprès d'entreprises de location d'avions. Elle effectue non seulement des vols intérieurs espagnols, mais aussi des liaisons européennes et long-courriers vers l'Amérique latine et les Caraïbes. Elle a transporté 10 millions de passagers en 2022.