Décarbonation: easyJet veut aller vite

Les unes après les autres, les grandes compagnies aériennes précisent leurs plans pour atteindre la neutralité carbonne d'ici 2050 sans recourir à la compensation carbone hors-secteur ou à d'autres mécanismes de marché. Rappelons que le secteur est responsable de 2% environ des émissions de CO2 sur la planète.
Après Ryanair, le premier transporteur européen, qui a présenté son programme "Pathway to Net Zero", c'est son grand concurrent easyJet qui détaille son calendrier. Et la compagnie low-cost veut aller vite affichant un objectif intermédiaire de -35% d'émission à l'horizon 2035.
"La compagnie aérienne prévoit d'atteindre cet objectif ambitieux en combinant le renouvellement de sa flotte, les améliorations opérationnelles, les gains d’efficacité, la modernisation de l'espace aérien et l'utilisation de carburants d’aviation durables", explique-t-elle.
Choix des Airbus de la famille NEO
"Décarboniser l'aviation est le défi de toute une génération et nous savons que cela peut et doit être fait. Nous avons entamé notre cheminement vers le net-zéro et, bien qu'il y ait des défis à relever en cours de route, je suis très enthousiaste quant aux développements à venir. Il nous appartient de préserver les avantages de l'aviation pour les générations à venir, tout en nous assurant que nous faisons tout notre possible pour protéger notre planète" ajoute Johan Lundgren, Directeur Général.
Côté flotte, easyJet souligne que toutes les livraisons de nouveaux appareils entre 2022 et 2028 seront des Airbus NEO.
"Ces appareils sont au moins 15% plus économes en carburant que les appareils qu'ils remplacent et réduisent le bruit de moitié. Le passage à des appareils de nouvelle génération, encore plus économes en carburant, ainsi que le passage à des appareils plus grands, ont un impact significatif sur la réduction des émissions de CO2 à court terme, en raison d'un meilleur rendement énergétique global et d'une réduction des émissions par siège", détaille la compagnie.
Ecopilotage
L'opérateur met également en avant "des mesures d’écopilotage comme le roulage sur piste sur un seul moteur, l'utilisation d'informations météorologiques poussées pour améliorer la navigation ou le lavage des moteurs pour éliminer les débris afin d’en améliorer la performance. easyJet utilise également de nouveaux logiciels et l'intelligence artificielle pour améliorer l'efficacité opérationnelle.
Comme la plupart des compagnies, easyJet plaide pour "une modernisation de l'espace aérien", jugée "cruciale" et rapidement réalisable. "Des trajets de vols plus directs et donc plus courts: easyJet collabore avec l’ensemble des parties prenantes (...) avec des projets tels que le Ciel unique européen. Ces projets sont nécessaires pour un système de gestion du trafic aérien plus efficace et plus respectueux de l'environnement. Le ciel unique européen a pour ambition de réduire de 10% les émissions de CO2 de l'aviation européenne", explique-t-elle.
Enfin, et c'est au coeur de la stratégie des acteurs du secteur, l'utilisation massive des SAF, les carburants durables qui peuvent d'ores et déjà compléter le kérosène dans les réservoirs des avions en circulation.
Pas de mention de l'avion à hydrogène
EasyJet évoque une utilisation "à grande échelle" qui se heurte néanmoins à une réalité industrielle. Dans les faits, le recours massif à ces carburants propres est quasi impossible. "L'usage n'est pas limité par des raisons technologiques, mais bien par des facteurs de marché: l'offre insuffisante et les prix encore trop élevés", constatent dans un rapport les députés français Bernard Deflesselles et Nicole Le Peih à l'issue d'une mission d'information sur l'avenir du secteur aéronautique.
Résultat, ils ne représentaient en 2019 que moins de 0,1% de la consommation mondiale de carburant d'aviation.
Rappelons que la Commission européenne prévoit des obligations graduelles d'incorporation de SAF dans le kérosène d'aviation, allant de 2% en 2025 à 5% en 2030 pour bondir ensuite à 20% cinq ans plus tard et à 32% en 2040 puis 63% en 2050.
Enfin, on remarquera qu'à l'image d'autres compagnies, easyJet n'évoque pas l'avion à hydrogène qui débute ses développements chez Airbus dans son arsenal anti-émissions de CO2 alors que plusieurs pays européens dont la France veulent les voir voler (au moins sur du court-moyen courrier) dès 2035.