Crash du Concorde : Continental Airlines relaxée en appel

Photo du Concorde en flammes quelques instants avant son crash - -
Continental Airlines, deux de ses employés et un ancien cadre de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) ont tous été relaxés jeudi par la cour d'appel de Versailles pour le crash du Concorde qui avait fait 113 morts le 25 juillet 2000 près de Paris. Comme en première instance, la Cour a reconnu que l'accident survenu au décollage était le fruit d'un enchaînement imputable à la compagnie américaine: un de ses DC10 avait perdu une lamelle métallique, provoquant un éclatement du pneu du Concorde, la perforation de son réservoir et l'inflammation du carburant puis le crash sur un hôtel de Gonesse (Val-d'Oise).
Relaxée au plan pénale, la compagnie a en revanche été condamnée au plan civil, comme en première instance en 2010. Continental devra verser 1 million d'euros de dommages et intérêts au titre de « l'atteinte à l'image » d'Air France qui réclamait 15 millions d’euros.
Au procès en appel, au printemps, le ministère public avait requis une condamnation pénale, avec l'amende maximale pour homicides involontaires (225 000 euros) à l'encontre de la compagnie américaine.
Le Concorde d'Air France transportant 109 passagers, en majorité des touristes allemands, avait pris feu peu après son décollage de Roissy et s'était écrasé sur un hôtel de Gonesse, y tuant quatre personnes. L'accident avait mis un terme prématuré à la carrière de ce supersonique mythique, avion le plus rapide de l'histoire de l'aviation commerciale, qui a volé pour la dernière fois en 2003.
Pour Continental, un bout de ferraille n'a pas pu causer le crash
La défense de Continental a toujours réfuté qu'un bout de ferraille d'une quarantaine de centimètres ait pu déclencher l'accident. Son avocat, Me Olivier Metzner, avait fait citer des témoins affirmant que le Concorde avait pris feu avant de rouler sur la fameuse lamelle. Il avait rejeté la responsabilité de l'accident sur Air France, mettant en cause la maintenance de ses Concorde et la préparation du vol en question. Il avait ainsi rappelé qu'une pièce du train d'atterrissage du supersonique était manquante, que l'appareil était en « surpoids » et qu'un petit moteur électrique avait été changé à la dernière minute. La compagnie française, partie civile, rejette fermement ces accusations.
L'enjeu financier excède ce procès, puisque Air France et ses assureurs poursuivent Continental Airlines devant le tribunal de commerce de Pontoise pour obtenir réparation de leur préjudice économique. Ce tribunal a sursis à statuer jusqu'à la fin de la procédure pénale.
« Aveugle et sourd »
Le ministère public avait également requis 18 mois de prison avec sursis contre Claude Frantzen, 75 ans, ancien responsable de la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC), autorité en charge de la sécurité aérienne. Comme en première instance, il a été relaxé. Le parquet général lui avait reproché d'être « resté pendant 15 ans aveugle et sourd » aux incidents ayant « émaillé la vie de l'appareil » et de ne pas avoir imposé aux constructeurs de remédier aux faiblesses de l'appareil.
Car avant ce premier accident mortel en 24 ans d'exploitation, le Concorde avait connu plusieurs incidents de pneus, dont un grave à Washington en 1979. Des mesures avaient alors été prises pour renforcer les pneus, mais l'idée d'un renforcement des réservoirs avait été abandonnée. Elle ne sera mise en œuvre qu'après l'accident de Gonesse, pour la reprise temporaire des vols, avant leur arrêt définitif en 2003. L'avocat de Claude Frantzen, Me Daniel Soulez Larivière, avait estimé qu'à travers son client, « bouc émissaire », « on fait le procès de l'Etat ».
Le ministère public avait en revanche requis la relaxe des deux employés de Continental Airlines: John Taylor, 44 ans, un chaudronnier condamné en 2010 à 15 mois de prison avec sursis pour avoir mal fabriqué et fixé la lamelle, et son chef d'équipe Stanley Ford, 73 ans, qui avait été relaxé. Sur ce point, il a été entendu.