Catastrophe ferroviaire en Grèce: doit-on craindre un tel drame en France?

La catastrophe ferroviaire, qui a fait 57 morts en Grèce, a ravivé les questions quant à la sécurité du réseau ferré français, souvent présenté comme ancien voire vétuste à certains endroits. On se souvient notamment de l'accident en gare de Brétigny-sur-Orge il y a 10 ans. Risque-t-on un drame similaire en France?
"Peut-être pas dans cette ampleur mais un certain nombre de rapports ont montré qu'il y a en France 10.000 kilomètres de lignes dites 'malades', sous-entretenues, c'est un tiers du réseau français", estime sur BFMTV, Matthieu Bolle-Reddat, Secrétaire général CGT Cheminots de Versailles. "Des lignes dangereuses dont on baisse la vitesse (des trains, NDLR) artificiellement parce que si on roulait à la vitesse normale, il risquerait d'avoir des déraillements importants".
Et de dénoncer "le sous-investissement public" dans l'entretien réseau. "Oui, il y a un problème qui s'aggrave aujourd'hui".
"10.000 kilomètres de lignes dites 'malades'"
Le constat est en partie partagé par Philippe Tabarot, Sénateur LR des Alpes-Maritimes et rapporteur du budget transports ferroviaires: "Ce sont les petites lignes, à peu près 9000 kilomètres, la desserte fine, qui trinquent le plus parce que ce ne sont pas les investissements prioritaires. Elles sont très souvent au ralenti, pour la moitié d'entre-elles. Et le ralentissement est la première étape vers la fermeture". "Notre pays n'investit pas suffisamment", souligne l'élu.
Mais pour Matthieu Bolle-Reddat de la CGT, le vrai problème est "la privatisation rampante" de la SNCF. Même si la gestion et l'entretien du réseau sont effectués par SNCF Réseau, une filiale à 100% de la SNCF, donc une entreprise publique, "nous avons des sous-traitants qui ont de sous-traitants, des intérimaires de sous-traitants et donc tous les savoir-faire et toute la connaissance sécuritaire de la SNCF dans les travaux et la maintenance du réseau fout le camp".
100 milliards pour le rail mais quel financement?
"L'entretien du réseau est calamiteux par rapport à ce qu'on pouvait trouver il y a 20 ou 30 ans", assène-t-il. "Nous avons un réseau moins bien entretenu qu'il y a 40 ans".
Pour Philippe Tabarot, ce n'est pas la privatisation directe ou indirecte qui pose question mais bien "le manque de moyens. Il manque 10 milliards d'euros chaque année pour le réseau, il y a 500 millions supplémentaires qui manquent pour la modernisation".
Rappelons que suite au rapport du Conseil d'orientation des infrastructures, le gouvernement a annoncé un plan de 100 milliards d'euros d'ici 2040 pour le transport ferroviaire notamment pour régénérer le réseau.
Néanmoins, se pose la question du financement. L'État ne versera que 20 ou 25 milliards, l'Europe, les régions mais aussi les sociétés d'autoroute et l'aérien seront également mis à contribution. Une perspective qui déjà suscite des oppositions.