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Accident de Brétigny: "On n'est pas à l'abri d'un second" drame

Pompiers sur un quai de la gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, après le drame.

Pompiers sur un quai de la gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, après le drame. - -

Selon les experts, le manque d'entretien du réseau est à l'origine du déraillement du train Paris-Limoges, il y a un an à Brétigny-sur-Orge. Cette ligne SNCF ne serait néanmoins pas la seule touchée par ces défauts de maintenance.

Le rapport d'expertise sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, présenté ce lundi, est accablant pour la SNCF et RFF, le gestionnaire des voies. Les experts pointent en effet les défauts de maintenance sur le réseau, alertant même sur "un état de délabrement jamais vu". Faut-il s'inquiéter d'un nouveau Brétigny? BFMTV.com a interrogé Marc Fressoz, journaliste économique spécialisé dans les transports ferroviaires.

> Comment expliquer les défauts de maintenance pointés par le rapport?

La SNCF et RFF ont de gros soucis financiers liés à des coûts de fonctionnement importants. Ceux-ci sont notamment dûs aux spécificités du statut de cheminot, très privilégié et défendu bec et ongles par les syndicats. Comme on ne parvient pas à réformer ce statut, la SNCF supprime des effectifs, et inévitablement cela se ressent sur la maintenance: on perd en qualité.

> Comment ces conséquences se traduisent-elles dans les faits?

Les équipes de maintenance ont par exemple été réorganisées sur de plus grands périmètres. Avant, on avait une "brigade" qui couvrait un endroit précis, par exemple le secteur de Brétigny. Aujourd'hui, une même "brigade" va être affectée à un secteur beaucoup plus vaste. Et chaque équipe est susceptible d'aller jouer les "goals volants" dans une autre région pour pallier un manque d'effectif temporaire. Résultat, les cheminots connaissent moins bien le terrain et surtout, le manque d'effectif se fait au détriment des lignes les moins fréquentées. On n'est donc pas à l'abri d'un second Brétigny.

> Pourtant, Brétigny était justement une gare fréquentée?

C'est ce qui est inquiétant. Cela veut dire que même les lignes où il y a du passage ne sont pas épargnées par les lacunes de maintenance. Au fond, le drame de Brétigny est venu conforter la thèse que je développais dans le livre Faillite à grande vitesse: que le surinvestissement dans les lignes TGV s'est fait au détriment du réseau classique. L'axe Paris-Limoges (relié par le train qui a déraillé à Brétigny, ndlr) n'était pas un axe TGV et a pâti du développement de ce réseau.

Brétigny - Rapport d'expertise publié par Fil_actu

|||sondage|||2021

M. T. et Cathleen Bonnin et Clément Dalmar et Anne-Sophie Warmont (vidéo)