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Transports

30 km/h à Paris: "Une mesure symbolique et inefficace"

30 km/h dans toutes les rues de Paris ? La ville y réfléchit actuellement.

30 km/h dans toutes les rues de Paris ? La ville y réfléchit actuellement. - -

Que ce soit pour 40 millions d'automobilistes, les Motards en colère ou la Ligue contre la violence routière, les réactions sont plutôt mitigées quant à la volonté d'abaisser la vitesse générale de 50 à 30 km/h dans les rues de la capitale.

"Nous ne sommes bien évidemment pas contre l'implantation de zones 30 quand elles sont justifiées." Que ce soit du côté de 40 millions d'automobilistes (40 ma) ou de la Fédération française des motards en colère (FFMC), on reconnait bien volontiers la nécessité d'adapter sa vitesse en fonction des circonstances sur la route. Mais généraliser la circulation de 50 à 30 km/h dans les rues de Paris, comme le souhaite la maire socialiste Anne Hidalgo et son équipe avec son plan antipollution, non.

Pour Daniel Quéro, président de 40 ma, c'est un mauvais signal. "Quand on roule à 50 et qu'on entre dans une zone 30, on comprend tout de suite que l'endroit est plus dangereux, notre vigilance est accrue, on lève le pied", explique-t-il. "En mettant partout cette limitation, on annulera cet effet d'alerte."

De l'aveu même de l'Hôtel de Ville, le bénéfice qui pourrait être apporté à la qualité de l'air parisien en mettant en place un tel plan reste "incertain". Mais la Ville juge que la mesure permettra de réduire le nombre d'accidents, notamment entre les piétons et les deux-roues. "Faux", pour 40 Millions d'automobilistes. "L'argument de l'accidentologie ne tient pas, on déplore 18 piétons tués en 2012 et 13 en 2013", avance le président de l'association. "Il y a encore des progrès à faire, mais dans la moitié des cas, les piétons sont en cause."

"Paris n'appartient pas qu'aux Parisiens"

Quant à l'argument environnemental, Daniel Quéro redoute même que l'effet inverse à celui souhaité se produise. "Pour les particules fines, la courbe de pollution se dessine selon un U. On en émet le moins entre 60 et 70 km/h. Mais à 30, on en émettra plus qu'à 50, tout en restant plus longtemps dans la ville !"

"Monsieur Najdovski (le nouvel adjoint EELV aux Transports, ndlr) veut bannir les moteurs thermiques de la capitale, mais il n'y arrivera pas !", tance de son côté Jean-Marc Belotti, Coordinateur de la FFMC Paris-Petit-Couronne. "Paris n'appartient pas qu'aux Parisiens. Chaque jour, 900.000 personnes entrent et sortent de la capitale, tous moyens de transports compris. Certains viennent de banlieues enclavées et n'ont juste pas la possibilité de faire autrement."

Pour le cas particulier des motards et deux-roues, une telle limitation de vitesse est-elle vraiment adaptée? "Dans certaines zones, bien sûr. D'autres non, comme sur le boulevard Saint-Michel," détaille-t-il. "De manière générale, quand la circulation est fluide, c'est compliqué, aussi bien pour les motards que pour les automobilistes, de rester à pile à 30 km/h…"

Un début pour la ville de demain

Figure de la lutte contre la violence routière, Chantal Perrichon a un avis évidemment bien différent. Mais la présidente de la LCVR n'est pas plus enthousiaste que ça au regard du plan prévu par la mairie de Paris. "Tout comme pour l'abaissement de la vitesse de 80 à 70 sur le périphérique, cette mesure ne constitue pas une priorité pour notre association", précise-t-elle. "Nous souhaitons 0 mort sur les routes, notre objectif prioritaire est de voir la vitesse baisser de 90 à 80 km/h sur le réseau bidirectionnel."

Toutefois, Chantal Perrichon estime que cet abaissement généralisé dans les rues de Paris est un signal positif. "Nous assistons au début de la ville de demain, avec un réseau de partage plus tourné vers les usagers vulnérables, qui ne sera pas sous les ordres de la circulation automobile, avec plus de transports en commun, plus de respect", espère-t-elle. "Maintenant, il faut des réunions pour bien choisir ces zones 30, et mettre en place des transports à la hauteur de ces enjeux."

Au final, ces trois représentants d'associations sont au moins d'accord sur une chose: l'annonce de la limitation généralisée à 30 km/h dans les rues de Paris est surtout symbolique. Et loin d'être immédiate, aucune date n'ayant été, pour l'heure, avancée.

Jérémy Maccaud