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TotalEnergies, Crédit Agricole, Engie... Qui dépense le plus en lobbying parmi les groupes du CAC 40

TotalEnergies a déclaré 2,51 millions d'euros de dépenses de lobbying en 2021, selon des chiffres de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

TotalEnergies a déclaré 2,51 millions d'euros de dépenses de lobbying en 2021, selon des chiffres de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

BFM Business a épluché les données de la HATVP pour établir le classement des entreprises du CAC 40 les plus dépensières en frais de lobbying. TotalEnergies arrive en tête avec une facture de 2,5 millions d'euros.

Quelles sont les grandes entreprises les plus actives dans les couloirs des ministères et les allées du Parlement? Selon les chiffres publiés par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et compilé par BFM Business, 33 des entreprises du CAC 40 ont engagé des dépenses de lobbying en 2021 auprès du gouvernement, des membres de l'Assemblée nationale, du Sénat ou des principales autorités administratives.

Au total, ces groupes ont dépensés près de 23 millions d'euros* pour mener leurs opérations d’influence dans la sphère publique,  un chiffre relativement stable depuis 2018, lors de l’entrée en vigueur de l'obligation de déclaration des représentations d'intérêts. Les entreprises du CAC 40 ont déclaré 340 "actions" de lobbying pour l’année 2021: organisation de rendez-vous, transmission de rapports, évènements, conférences, etc.

TotalEnergies en haut du classement

Dans le détail, l'intensité de la pression diffère beaucoup d'un groupe à l'autre. Tout en haut du classement, TotalEnergies déclare 2,51 millions d'euros de dépenses, devant Engie (2,25 millions d'euros) et Crédit Agricole (2,17 millions d'euros). Sanofi (1,41 million d'euros) et Airbus (1,37 million) complètent le top 5.

TotalEnergies et Engie ont chacun déclaré une trentaine d'actions de représentation d'intérêts pour l'année 2021: le Code l'environnement, les projets de loi de Finances, le Plan de relance, le Code de l'énergie font partis des textes sur lesquels ils ont cherché à peser. Si Carrefour ou LVMH ont plutôt augmenté leur activité depuis 2018, à l'autre bout du spectre, STMicroelectronics ou Schneider Electric n'ont affiché aucune dépense de lobbying en 2021, alors qu'elles avaient mené des actions les années précédentes. Teleperformance, Legrand ou Hermès sont également à l'écart.

Energie, banques, transports

Les secteurs très réglementés se retrouvent logiquement en haut du classement: 

  • énergie (4,7 millions d'euros de dépenses),
  • banques et assurances (4,04 millions),
  • transport et défense (3,67 millions),
  • viennent ensuite les entreprises de la distribution et du commerce (2,37 millions),
  • du BTP et de l'industrie (2,75 millions),
  • du luxe (1,24 million)
  • et enfin les entreprises technologiques (837.000 euros).

Les dépenses recensées dans ce classement ne prennent en compte que le lobbying mené directement par les entreprises. Mais les fédérations, les organisations patronales, les cabinets spécialisés engagent aussi des actions d'influence au profit des groupes du CAC 40.

Citons à titre d'exemple la Fédération bancaire française (1,12 million de dépenses en 2021), la Plateforme automobile (450.000 euros), France Digitale (250.000 euros), l'Union française des industries pétrolières (150.000 euros).

Le Medef déclare quant à lui 1,12 million de dépenses de lobbying en 2021. Parmi les cabinets spécialisés, on trouve bien placé Boury, Tallon & Associés (4,12 millions) Lysios (1,87 million), M&M Conseil (1,12 million), Image 7 (750.000 euros), Publicis Consultants (350.000 euros), etc.

Des actions de Google, Microsoft ou encore Samsung

Certains groupes étrangers sont aussi rompus à l'exercice et connaissent sur le bout des doigts les arcanes du pouvoir français. Google est ainsi très actif avec 1,62 million d'euros de dépenses en 2021, tout comme Microsoft (1,12 million) Samsung (550.000 euros), Huawei (250.000 euros),  Coca-Cola (237.500 euros), McDonald's (150.000 euros), Lidl (150.000 euros) ou Procter & Gamble (67.500 euros).

Selon la Haute autorité de transparence de la vie publique, près de 2500 représentants d'intérêts sont actuellement en activité et plus de 11.000 actions de lobbying ont été recensées en 2021. Bercy et le ministère de la Transition écologique ont été les plus soumis à la pression des lobbys, tandis qu'u tiers des actions de représentation d'intérêts ont visé à influencer la loi. 

*Méthodologie: pour réaliser ce classement, nous avons consulté les montants des dépenses liées aux actions de représentation d'intérêts publiés par la HATVP. Nous avons pris en compte les montants déclarés par les entreprises du CAC 40 et leurs filiales à plus de 50%. Etant donné que la HATVP publie des fourchettes de dépense assez fines, nous avons retenu à chaque fois la valeur moyenne pour plus de lisibilité. Les déclarations annuelles de moins de 10.000 euros n'ont pas été prises en compte.   

Simon Tenenbaum