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Sogestran veut racheter Louis Dreyfus Armateur

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Ce groupe familial est prêt à débourser 300 millions d’euros pour la totalité du capital de son concurrent. Trois fonds d’investissement sont aussi sur les rangs.

C’est la fin d’un empire familial vieux de 175 ans. Le groupe Louis Dreyfus va vendre la dernière activité gérée par la famille fondatrice. Son propriétaire Philippe Louis Dreyfus va céder les rênes de son armateur, dont il détient 100% du capital avec ses trois enfants. Selon plusieurs sources proches du dossier, il a reçu quatre offres de rachat pour la totalité du capital de Louis Dreyfus Armateur (LDA).

Trois fonds d’investissement sont en lice: Antin, Infravia et ICG. Et selon nos informations, un industriel est aussi sur les rangs: le groupe Sogestran, détenu par la famille Girardet. Armateur fluvial, il dispose aussi de bateaux de transports comme Louis Dreyfus Armateur. Il travaille notamment pour l’armée française et l’aérospatial avec Ariane pour qui il transporte les pièces de la fusée à travers l’Atlantique. De son côté, LDA opère le transport maritime des pièces d’avions Airbus et des bateaux "câbliers" d’Alcatel Submarine Networks (ASN) que l’État vient de nationaliser.

La vente de l’ensemble de la société est désormais sur la table, comme l’avait révélé BFM Business, alors qu’au début de l’été, Louis Dreyfus Armateur (LDA) ne parlait que d’une ouverture du capital. Le prix espéré par les propriétaires tourne autour de 300 millions d’euros, ce que serait prêt à débourser Sogestran.

Alliance avec un fonds d'investissement

Mais l’armateur basé au Havre étudie une alliance avec un investisseur financier pour compléter cette somme élevée. "LDA est un gros morceau pour cette entreprise de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires", résume un proche du dossier alors que Louis Dreyfus Armateur pèse 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. Contacté, Sogestran n’a pas souhaité commenter nos informations.

Pour autant, "il n’y a pas de favori" nous assure un proche du dossier, même si Sogestran pourra dégager des synergies et peut donc offrir un meilleur prix que les fonds d’investissement.

Les candidats mènent des audits approfondis sur les comptes de Louis Dreyfus Armateur, ses dix filiales en France et ses 26 à l’étranger. L’objectif est de choisir le repreneur d’ici début janvier. Louis Dreyfus Armateur avait déjà vendu 13 navires pour environ 300 millions d’euros en 2022. Le groupe a besoin d’investir lourdement dans des navires "décarbonés" pour remplacer sa flotte.

C’est une page qui va se tourner pour l’une des plus anciennes familles industrielles françaises. Philippe Louis-Dreyfus et son fils Édouard sont les derniers héritiers encore aux manettes. Il avait repris l’activité d’armateur en 2008 lorsque son cousin Robert Louis-Dreyfus avait racheté le groupe familial. Après le décès de l’ancien propriétaire de l’Olympique de Marseille, Philippe Louis-Dreyfus avait coupé les ponts en vendant 10% du capital qu’il détenait encore dans l’empire familial. Comme ses autres cousines, il ne s’entend pas avec la veuve de Robert Louis-Dreyfus, Margarita, qui a hérité du groupe de négoce en matières premières.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business