Grandes lignes: deux concurrents de la SNCF dès la fin 2020 ?

Le gestionnaires des infrastructures ferrées, SNCF Réseau, prend déjà des contacts avec les futurs concurrents de SNCF Mobilités, l'opérateur ferroviaire. "Nous avons des touches qui, on l'espère, vont se concrétiser. (...) On a deux touches", a indiqué Jean Ghédira, le directeur général clients et services de SNCF Réseau, lors d'une rencontre avec la direction du groupe à Strasbourg.
Ces concurrents de la SNCF lanceraient leurs services dès l'ouverture du marché des grandes lignes non conventionnées en "open access" (accès libre) au service 2021 -concrètement en décembre 2020-, a-t-il précisé.
Actuellement seuls le fret ferroviaire et le transport international de voyageurs sont ouverts à la concurrence. Mais à partir de décembre 2019, il n'y aura plus de monopole de la SNCF pour les nationales lignes à grande vitesse. Ces lignes pourront être commercialisées par de nouveaux opérateurs à partir de décembre 2020, pour un démarrage effectif en 2021.
Trenitalia et Flixbus prêts à sa lancer face à la SNCF?
Du point de vue de SNCF Réseau, l'enjeu de l'ouverture à la concurrence consiste à faire rouler davantage de trains sur les rails français qui s'acquitteront des péages à son profit. Jean Guédira a donc fait la tournée des opérateurs potentiellement intéressés, n'a pas le droit de dire qui sont ces prospects -et surtout pas à SNCF Mobilités, la branche du groupe qui fait rouler les trains. "Il y a des choses qui arrivent, mais pas forcément là où on l'attendait naturellement", a-t-il simplement relevé.
Directement concerné, le patron de la SNCF (et de SNCF Mobilités) Guillaume Pepy a juré qu'il ne savait pas qui étaient ces deux prospects, quand bien même il soupçonne l'italien Trenitalia d'en être. "Au fond, le fait que Jean Ghédira drague nos ennemis, va quand même à la fin apporter davantage de voyageurs au réseau ferroviaire français, donc le gâteau va grandir après", a-t-il commenté. "Après, la bataille entre les entreprises ferroviaires sur la part du gâteau, là c'est notre boulot", a ajouté le président de la SNCF.
Si les deux concurrents intéressés par le marché français des grandes lignes ne sont pas officiellement connus, certains n'ont pas caché leurs ambitions de venir titiller la SNCF sur son marché. Trenitalia -qui fait déjà rouler des trains classiques sous la marque Thello entre la France et l'Italie- a fait part de son intention de se lancer sur le marché français de la grande vitesse. Dans un autre registre, on pourrait citer l'allemand FlixBus qui, outre ses bus, fait aussi rouler des trains grandes lignes classiques sous la marque FlixTrain en Allemagne et s'intéresse au marché français.
SNCF Réseau étudie une tarification plus incitative
SNCF Réseau dit travailler sur une tarification "plus commerciale, plus incitative". Il s'agit aussi d'avoir rapidement une plus grande visibilité sur le niveau des futurs péages -les droits de passage perçus pour faire circuler les trains-, qui sont actuellement en cours de réexamen pour encourager notamment la desserte des villes moyennes par des TGV. "L'objectif est très clairement de pouvoir (les) afficher à l'avance pour que les entrants potentiels sachent à quoi se tenir", a relevé Jean Guédira. "Ce qui est prévu, c'est une visibilité à trois ans", a précisé le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet.
Concernant les TER, pour lesquels les régions pourront passer des contrats avec d'autres opérateurs que la SNCF pour exploiter leurs lignes à partir de décembre 2019, les premiers concurrents devraient arriver au service 2022, c'est-à-dire en décembre 2021, a indiqué Jean Ghédira Les régions PACA, Grand Est, et Pays-de-la-Loire sont les plus avancées pour ouvrir certaines de leurs lignes, selon lui.
Le gouvernement a parallèlement lancé l'ouverture du marché des trains Intercités, avec pour objectif de faire rouler un nouvel opérateur en 2022 sur les lignes Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux.