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Air France-KLM: Paris ignorait tout du raid surprise des Pays-Bas

La prise de participation du gouvernement néerlandais dans Air France-KLM "s'est faite sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

La prise de participation du gouvernement néerlandais dans Air France-KLM "s'est faite sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. - Fabio Lima - AFP

Après l'annonce du gouvernement néerlandais d'augmenter sa participation dans le groupe Air France-KLM, le ministre de l'Economie a précisé que le gouvernement n'avait pas été informé au préalable de cette acquisition.

La liaison entre Amsterdam et Paris ne semble pas être très bonne. Après l'annonce de l'acquisition de 12,68% du capital d'Air France-KLM par le gouvernement néerlandais, Bercy a précisé qu'il ignorait tout de cette opération qu'il qualifie d'"inamicale" et "surprenante". 

"La façon dont cette position a été acquise rappelle les techniques de trader plutôt que d'Etat actionnaire, elle est à la fois très surprenante et inamicale à l'égard du conseil d'administration d'Air France et des autres actionnaires qui, à l'instar de l'Etat français, n'ont pas été informés en avance de cette décision de l'Etat néerlandais", a précisé Bercy.

Dans une déclaration au Echos, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a souligné que tout s'est fait "sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français". Le ministre a ajouté que dans ces type de dossier, "il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu'Air France-KLM soit géré dans l'esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale".

Ce mercredi, sur Europe 1, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, est revenu sur le sujet: "Il faut que l'on ait des bonnes relations avec nos amis des Pays-Bas", a-t-il assuré. "Il faut surtout que les Etats se mêlent le moins possible de la marche d'une grande entreprise comme celle-ci", a-t-il ajouté. 

L'inquiétude des Néerlandais

Alors qu'un bras de fer a opposé durant plusieurs semaines le patron de KLM, Pieter Elbers, et le conseil d'administration du groupe Air France-KLM, Wopke Hoekstra, le ministre des Finances néerlandais, a dévoilé son jeu ce mardi. Lors d'une conférence de presse à La Haye, il a expliqué que "l'objectif est d'obtenir à terme une position équivalente à celle de l'Etat français". La France détient actuellement une participation de 14,3% dans le groupe.

L'irruption de l'Etat néerlandais au capital de la compagnie fait également suite à une série de grèves chez Air France l'an dernier qui avait suscité l'inquiétude des Néerlandais sur la stabilité de la compagnie française. "Avec cette acquisition, le gouvernement néerlandais veut pouvoir influencer directement le développement futur d'Air France-KLM afin d'assurer de la meilleure façon possible l'intérêt public néerlandais", a précisé Wopke Hoekstra.

Un conseil d'administration extraordinaire d'Air France-KLM est convoqué ce mercredi. Il réunira l'ensemble des actionnaires du groupe parmi lesquels l'américain Delta et China Eastern, qui détiennent chacun 9% du capital et qui ont désormais un rôle prépondérant dans la cohésion du groupe.

Pascal Samama avec AFP