"On nous met des bâtons dans les roues": le Budget 2025 déclenche la colère des auto-entrepreneurs

Les auto-entrepreneurs en ont gros sur la patate. Le Budget 2025 vient d'acter l'abaissement du seuil d'exemption de TVA à 25.000 euros pour les micro-entreprises. Jusqu'ici, elles bénéficiaient d'une exonération jusqu'à 37.500 euros de chiffre d'affaires annuel pour les prestations de services et 85.000 euros pour les activités de commerce (achat/vente de biens).
"Il s'agit d'éviter que les micro-entrepreneurs fassent une concurrence déloyale vis-à-vis d'autres secteurs d'activités qui sont soumis, eux, à la TVA", explique Philippe Crevel à BFMTV, économiste et directeur du cercle de l'Epargne.
Cette mesure devrait toucher près de 200.000 auto-entrepreneurs sur les 2,5 millions que comptent la France. Parmi eux, Cathy Touin, auto-entrepreneuse en consulting et accompagnement. "Cela fait peur. On a l'impression qu'on nous met des bâtons dans les roues, souffle-t-elle auprès de BFMTV.
Pétition en ligne
Pour celle qui a commencé son activité en 2019, cela nécessite de revoir son plan de développement. "Cela remet tout en cause parce que cette TVA va impliquer qu'on augmente soit nos prix, ou qu'on réduise ce que l'on va gagner", expose Cathy Touin.
Si certains représentants d'entreprises ont félicité la mise en place de cette mesure arguant d'un retour à un équilibre concurrentiel, l'Union des auto-entrepreneurs (UAE) est montée au créneau. "Pour tous ceux qui facturent auprès de particuliers, il faut retirer la mesure", estime son président François Hurel qui craint que beaucoup quittent le régime ou cessent leur activité.
Mardi, Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), avait estimé que ce seuil unique conduirait "250.000 auto-entrepreneurs" supplémentaires à devoir collecter la taxe sur la valeur ajoutée et "facturer 20% plus cher leurs clients pour la même prestation". Une pétition en ligne a été lancée par l'organisme contre le texte qui devrait entrer en vigueur le 1er mars.
"Peut-être que certains prix vont augmenter", a reconnu la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, mais le manque de "lisibilité" des anciennes règles en matière de TVA induisait selon elle "une forme de concurrence déloyale entre acteurs" et le nouveau "seuil permet de remettre tout le monde à égalité". Le gouvernement espère ainsi une diminution du déficit public, une simplification fiscale et plus d'équité.
Réactions politiques
La nouvelle mesure a rapidement fait réagir dans la sphère politique. Des réticences ont été émises jusque dans le camp présidentiel. "L'abaissement du seuil d'assujettissement des autoentrepreneurs à la TVA n'est ni une bonne nouvelle, ni une bonne idée. L'esprit entrepreneurial mérite mieux qu'une taxe. Il faudra y revenir très vite", a critiqué le député macroniste Mathieu Lefèvre sur X.
Une colère partagée par Eric Coquerel, président LFI de la Commission des Finances: "On a failli rater cet énorme scandale dans le PLF 2025. On résume: ils ont dit pas question de faire payer plus d'impôts aux classes populaires et moyennes. Et voilà que des centaines de milliers d'auto-entrepreneurs vont payer la TVA! Censurez!", a-t-il écrit sur X mardi. "Artisans, petit commerce, métier de service, c'est la coiffeuse du bourg, le tapissier, le bouquiniste ... qui vont tirer leur rideau", s'est alarmé le député.