"On a du mal à remplir les plannings": ces salons de coiffure en pleine crise

Les défaillances d'entreprises sont reparties à la hausse dans le secteur de la coiffure.

Avec ses clients, Nicolas Waldorf garde le sourire. Pourtant, il n'a jamais été aussi angoissé qu'aujourd'hui pour l'avenir de son salon. Nicolas Waldorf, connu pour avoir participé à des émissions de télévision, confie à BFMTV être au bord de la faillite après avoir rencontré un certain succès.

"Cela fait dix ans que j'ai ouvert mon premier salon et, ce salon-là, je l'ai ouvert il y a deux ans. À la base on avait deux ans d'attente, c'est quand même assez dingue, et là on a du mal à remplir les plannings", explique le coiffeur et entrepreneur de 37 ans.

Tout s'est envenimé en quelques mois, en raison notamment de l'inflation qui a diminué le nombre de clients. Les manifestations contre la réforme des retraites ont également aggravé la situation.

"Ça a été trois mois à moins de la moitié des objectifs. À un moment, j'ai fini à -40.000 euros avant même de payer les salaires et là je me suis dit que ça commençait à sentir mauvais", s'alarme Nicolas Waldorf, qui a déjà licencié cinq personnes, un tiers de son équipe.

Trop grande concurrence ?

Sur les douze derniers mois, 953 professionnels de la coiffure ont fait faillite, selon les chiffres d'Altares, soit une hausse de 57,8% sur un an. Après l'accalmie de la crise sanitaire, les niveaux reviennent à ceux que connaissait le secteur avant la pandémie: on ne comptait que 604 défaillances d'entreprises en mai 2022 sur douze mois glissants et 494 défaillances en mai 2021, contre 988 défaillances sur un an en mai 2019. La fin des prêts garantis par l'État explique en partie les difficultés actuelles des coiffeurs, mais ces derniers souffrent aussi d'une trop grande concurrence sur le sol français.

"On relève un niveau de faillite plus important que ce que l'on connaissait même avant la crise du Covid-19", selon Christophe Doré, président de l'Union nationale des entreprises de coiffure (Unec).

Pour le président de l'Unec, il y a aujourd'hui "trop" de salons de coiffure en France. "Il faut que le marché se régule. C'est incroyable: la France, à côté de l'Angleterre, a trois fois plus de salons de coiffure", note Christophe Doré. Ces dernières années, le nombre de professionnels de la coiffure n'a cessé d'augmenter, de 94.000 en 2021 à plus de 100.000 aujourd'hui. Ce sont notamment beaucoup de coiffeurs à domicile qui ont créé leur propre entreprise – depuis 2020, pas moins de 8000 coiffeurs à domicile se sont lancés sur le marché.

Cécile Danré et Sébastien Savoye avec Jérémy Bruno