"Nissan ne quittera pas l’Europe", assure son nouveau patron

Dans une interview aux Echos, le nouveau directeur général de Nissan Makoto Uchida n’envisage de retirer la marque d’Europe, mais compte revoir son implantation industrielle. - Behrouz MEHRI / AFP
S’il a annoncé il y a quelques jours la fermeture à venir de son usine de Barcelone en Espagne, Nissan compte bien rester en Europe. Dans une interview ce lundi aux Echos, le nouveau directeur général du constructeur japonais, Makoto Uchida, a réaffirmé l’importance du Vieux continent.
"Nous n'avons jamais envisagé que la marque Nissan quitte l'Europe. Cette marque a de grandes forces, dans la voiture électrique ou autonome, ce sont des domaines où elle peut être appréciée, précise-t-il. Mais nous devons effectivement réduire nos coûts".
Un constructeur en crise à la recherche de compétitivité
La crise du covid-19 s’est superposée ces derniers mois aux difficultés structurelles du constructeur japonais. Nissan a perdu sur l’exercice fiscal 2019/2020 5,7 milliards d’euros. Un plan d’économies a donc été lancé, avec notamment pour objectif de réduire de 20% dans le monde d’ici 2023 la capacité de production de Nissan. Le constructeur japonais compte sur l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, que tente de relancer son président Jean-Dominique Senard, pour sortir de l’ornière.
"Nous devons aussi utiliser les actifs et l'expertise de Renault, notre partenaire dans l'Alliance, pour améliorer notre compétitivité", poursuit Makoto Uchida, avant de préciser: "Les membres de l'Alliance doivent se soutenir, à condition bien sûr que la compétitivité soit là".
Cette dernière se veut au coeur des attentes de Makoto Uchida sur les prochaines réalisations de l'Alliance. Les relations semblent plus apaisées désormais, entre Jean-Dominique Sénard, le président de l’attelage franco-nippon, Clotilde Delbos, la directrice adjointe (actuellement directrice général par intérim) de Renault et Makoto Uchida. Ce qui doit permettre de mieux partager R&D et sites de production entre les différents partenaires. Le nouveau directeur général de Nissan n’a cependant pas donné plus de précisions sur la répartition des chantiers R&D au sein de l’Alliance, selon la nouvelle stratégie "leader-follower". Makoto Uchida a par ailleurs écarté la question capitalistique entre les partenaires de l'Alliance: "Cela n'est pas un sujet de discussion aujourd'hui".
L’avenir de l’usine de Sunderland en question
Il a en revanche évoqué les pistes pour les implantations industrielles de Nissan en Europe. Après la fermeture de l’usine de Barcelone, Nissan dispose toujours de l’usine de Sunderland (Grande-Bretagne). Mais en plus de la crise actuelle, le site vit sous la menace du Brexit.
"C'est une grande usine, qui a son histoire, qui produit l'un de nos modèles phare, le Qashqai, mais qui exporte une grande partie de la production vers l'Europe. La décision que prendra le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit sur d'éventuels droits de douane aura un impact immense pour nous. Si les choses devaient mal tourner, nous devrons redimensionner l'outil, explique aux Echos Makoto Uchida.
Les productions anglaises pourraient-elles alors être rapatriées sur le continent, dans des usines Renault?
"Renault fabrique déjà pour nous des véhicules, comme des vans ou des fourgonnettes. Nous sommes précisément en train de réfléchir à la répartition des rôles de chacun dans la fabrication de véhicules, poursuit le patron de Nissan. Renault va regarder s'il peut être compétitif de produire des véhicules dans nos usines, et vice versa pour nous".
L'avenir de la production de la Micra dans une usine Renault est aussi examiné. "Au moment où elle a été prise [produire la Micro à Flins, NDLR], c'était sans doute une bonne décision, poursuit le dirigeant. Puis la situation s'est dégradée, et les coûts n'ont pas évolué comme on l'aurait voulu. Aujourd'hui, nous cherchons avec notre partenaire comment rendre les coûts plus compétitifs".