Next Women 40: comment convaincre davantage de femmes de devenir ingénieures?

Les femmes sont, à l'heure actuelle, moins nombreuses que les hommes dans les filières technologiques ou mathématiques.

À la tête des entreprises du CAC40, les femmes sont encore peu nombreuses. Pour tenter d'inverser la tendance, l'ONG Actives a révélé sa liste des "Next Women 40", ces quarante femmes qui pourraient diriger, un jour, l'une des grandes entreprises françaises. Sur le plateau de l'émission spéciale sur BFM Business, le nombre insuffisant de femmes dans les filières technologiques et mathématiques, lors des études supérieures, a été l'un des obstacles évoqués par les invités.

"On a un problème de vivier, et ça ne s'améliore pas", a constaté Florence Verzelen, directrice générale adjointe de Dassault Systèmes. "Je suis entrée à [Polytechnique] en 1998" et on y recensait alors "17% de femmes", un nombre retombé "à 16%" en 2024, a-t-elle souligné. "Là où je pensais qu'en une génération on aurait augmenté, on régresse", a regretté Florence Verzelen, qui appelle à parler "des carrières génialissimes à faire dans les entreprises" pour y attirer davantage des femmes.

Cette communication "est très importante" et elle doit "se passer très tôt, dès le collège et le lycée, pour que les jeunes femmes choisissent des parcours d'ingénieures", a estimé Florence Verzelen.

Directrice générale du PMU, et citée dans la liste "Next Women 40" au même titre que Florence Verzelen, Emmanuelle Malecaze a pointé du doigt le "discours très pesant" au sujet des mathématiques. "On ne dit pas qu'on peut s'amuser" avec les mathématiques, "on ne dit pas que ça sert à la vie de tous les jours", a-t-elle affirmé sur BFM Business, estimant qu'il fallait "adapter le discours" pour que "le vivier [de femmes] s'agrandisse" dans ces filières.

"Ne pas négliger les chiffres"

"Si on peut aujourd'hui donner un conseil aux femmes qui ont envie d'avoir des postes de dirigeantes", ce serait de "ne pas négliger les chiffres", a confirmé l'ex-ministre Marlène Schiappa, fondatrice d'Actives. Dans les entreprises, les femmes occupent "très souvent" des postes "à la RSE, à la communication, éventuellement aux ressources humaines", et sont moins nombreuses dans d'autres postes financiers, telle que la direction financière, a-t-elle précisé.

Mohamed Nassiri, agrégé de mathématiques, organise des stages pour la mixité dans les filières scientifiques. Pour l'enseignant à Sciences Po Lille, les mathématiques connaissent un déclin généralisé. "En 2016, il y avait à peu près 15% d'élèves qui arrêtaient les mathématiques complètement en terminale, aujourd'hui on est plutôt aux alentours de 40%, que ce soit filles ou garçons", a-t-il avancé, pointant du doigt la récente réforme du lycée.

Mais, encore plus que les garçons, "on voit les filles fuir les mathématiques", a poursuivi Mohamed Nassiri. Pour ce dernier, il est important de promouvoir "des rôles modèles féminins c'est important" et de mettre "des moyens financiers et humains" pour faire changer les choses.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV