Livraison express: Getir annonce quitter le marché français

La plateforme de livraison express de courses à domicile Getir a annoncé mercredi quitter le marché français et chercher un repreneur de "tout ou partie du groupe en France", dans un communiqué adressé à l'AFP.
"Les administrateurs judiciaires en charge du redressement judiciaire du Groupe vont ouvrir la possibilité à des repreneurs tiers de proposer des plans de cession de tout ou partie du Groupe en France", a-t-il précisé.
"L'environnement juridique complexe et les réglementations imposées par les administrations locales ont rendu la réussite de l'entreprise très difficile", a justifié la filiale française du géant turc qui s'était implantée sur le territoire national en 2021.
Le même argument avait été avancé début juin par son concurrent Flink, qui avait annoncé jeter l'éponge en France pour les mêmes raisons.
900 suppressions de postes
Gorillas, comme Frichti et Getir, appartiennent au géant turc Getir, dont la filiale française est en redressement judiciaire depuis mars.
Getir France avait annoncé en mai envisager se séparer de 900 salariés sur les trois entités, Getir, mais aussi Gorillas et Frichti, qu'elle a rachetées. A Gorillas, ce sont 264 emplois en CDI sur environ 500 au total qui sont menacés, affirme à l'AFP le délégué syndical CGT Gorillas Arnaud Coulibaly.
Le groupe a "engagé un PSE", plan de sauvegarde de l'emploi, pour Gorillas mais "avec une finalité qu'il refuse de communiquer" et sans "rien" proposer de concret, a critiqué Rémy Frey, de la CGT.
L'annonce du départ de France est "brutale et irrespectueuse pour ces salariés qui ont nourri tellement d'espoir en la possibilité d'avenir de l'entreprise" a regretté Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT, dans un communiqué adressé à l'AFP. Le syndicaliste a demandé à ce que le paiement des salaires soit garanti jusqu'en septembre.
Annonce "brutale"
Malgré un chiffre d'affaires cumulé des trois enseignes de l'ordre de 120 millions d'euros en 2022, et en nette croissance ces dernières années, le groupe totalisait 200 millions d'euros de dettes à fin mars 2023, selon une note interne à l'entreprise que l'AFP a consultée.
Le "quick commerce", qui propose en quelques minutes la livraison de produits du quotidien par un livreur à vélo ou en scooter électrique, a été le catalyseur de vives critiques de la part des riverains et des élus, qui dénonçaient pêle-mêle nuisances, arrivée de "villes-entrepôts" voire développement d'une "économie de la flemme".
En mars, le gouvernement leur a infligé un ultime camouflet, décrétant que les "dark stores" - les locaux de centre-ville où sont stockés les produits à livrer - étaient des entrepôts, et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité.
Ces locaux pourraient être contraints de fermer si le Plan local d'urbanisme (PLU) interdit ce type d'activité à leur adresse.