Le nouveau directeur général d’Orpea promet qu'il ne laissera plus rien passer

Orpea, présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, est plongé dans la tourmente depuis la parution en janvier d'un livre-enquête, "Les Fossoyeurs", du journaliste Victor Castanet, qui dénonce ses pratiques.
La justice a ouvert en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d'un signalement par le gouvernement. Le groupe, dont le titre a fortement chuté à la Bourse de Paris depuis la parution du livre, a limogé sa direction et s'est engagé à revoir ses pratiques. Il a nommé un nouveau directeur général et renouvelé son conseil d'administration pour convaincre ses actionnaires - et le grand public - qu'il a tiré les leçons de l'affaire.
Dans un entretien au Parisien, Laurent Guillot, le nouveau directeur général du groupe, promet d'importants changements et une tolérance zéro vis-à-vis d'éventuels manquements.
"Mon objectif est de tourner la page, de remettre l’entreprise au carré. Depuis mon arrivée, c’est tolérance zéro" souligne-t-il.
Des procédures "à remettre en ordre"
Premières mesures prises, le limogeage d'une partie de la direction: "J’ai d’abord trouvé une équipe dirigeante à changer très largement. Une vingtaine de personnes est partie en raison de manquements à l’éthique". "La mission des managers est de donner les conditions humaines, matérielles pour que nos collaborateurs réalisent leur travail le mieux possible. C’est choquant quand ce n’est pas fait".
"Ensuite, j’ai découvert des procédures, en matière de ressources humaines, d’achats ou financières à remettre en ordre. À l’inverse, j’insiste, j’ai trouvé notamment sur le terrain un formidable engagement des équipes" poursuit-il.
Concernant les accusations de rationnement de couches ou de nourriture, le nouveau DG est très clair: "Les rétrocommissions, c’est fini. Mais j’ai visité plus de 70 sites en deux mois, en France et à l’étranger, et je n’ai pas trouvé un collaborateur qui m’a dit: 'On m’a rationné en termes de couche, de nourriture'. Je ne dis pas que cela n’a pas existé, certains ont dû y être confrontés. Pourquoi dans ce cas? Était-ce un problème de logistique, d’approvisionnement à un moment? D’organisation?"
"Il y a des sujets à régler très vite pour offrir une qualité de services en adéquation avec ce que l’on veut offrir. Concernant la nourriture, je pense par exemple à la nécessité de pouvoir acheter des produits locaux pour préparer les repas" annonce Laurent Guillot. Et de promettre un "plan d’amélioration et de transformation" à l’automne.
Plainte
Le groupe va devoir également gérer une plainte de plusieurs dizaines de familles pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger.
"D’abord, je leur exprime à titre personnel et au nom du groupe tous nos regrets. Ensuite, il faudra faire une analyse avec les familles au cas par cas avec énormément d’empathie. C’est une situation extrêmement délicate. Nos collaborateurs sont confrontés à des situations difficiles tous les jours, c’est le propre de cette activité. L’une de mes missions est de donner tous les moyens aux équipes pour leur permettre d’exercer leur métier dans le respect des exigences les plus hautes" commente le responsable.
Enfin, polémique dans la polémique, cet été, lorsque la Caisse nationale de la solidarité pour l’autonomie a sommé le groupe de rembourser 55,8 millions d’euros de fonds publics, Orpea a indiqué vouloir n’en restituer que 25,7 millions.
"Avoir des rabais de ses fournisseurs, c’est autorisé. Ne pas les rendre à l’État quand c’est de l’argent public, ça c’est illégal. C’est pour cela que nous avons annoncé que ce montant serait rendu à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Le groupe s’est déjà expliqué et réserve à la CNSA la primeur de nos réflexions" répond le nouveau directeur général.