Le nombre d'introductions en Bourse en Europe au plus bas depuis 2009

Dans un contexte de ralentissement économique et de hausse des taux sur fond d'inflation persistante, la prudence est de mise sur les marchés des capitaux. En témoignent les quelque 34 sociétés qui ont fait leur début en Bourse en Europe au premier semestre 2023. Le plus bas niveau observé depuis 2009, selon les chiffres de l'Association for Financial Markets in Europe (AFME), relayés par le Financial Times.
Ces entreprises qui ont franchi le cap de l'IPO (introduction en Bourse) ces derniers mois n'ont levé que 2,4 milliards d'euros. Un chiffre en baisse de 42% par rapport au premier semestre 2022 et qui est là aussi le plus faible montant constaté depuis 14 ans.
Deux fois moins d'IPO en France
En France, seules 5 entreprises sont parvenues à se faire coter sur le marché parisien depuis le début de l'année (Lepermislibre, Florentaise, Mon courtier énergie, Osmosun et Vinpai), soit deux fois moins qu'il y a un an à la même période.
Le constat est identique aux États-Unis, bien que l'ampleur du phénomène soit moindre. D'après les données de Dealogic data, 75 entreprises sont entrées en Bourse outre-Altantique sur les six premiers mois de l'année. Et elles n'ont levé que 11,5 milliards de dollars. Un plus bas depuis 2015.
Comment expliquer cette situation? Il y a bien sûr la dégradation de l'environnement économique, entre inflation et hausse des taux, qui rend les investisseurs plus frileux. À titre d'exemple, seules 4 entreprises introduites sur Euronext entre 2021 et aujourd'hui ont vu leur cours s'apprécier depuis l'IPO.
Des marchés américains plus attractifs
Si les États-Unis sont confrontés au même phénomène, les marchés américains demeurent malgré tout plus attractifs que les places européennes. De nombreuses sociétés du Vieux continent décident d'ailleurs de faire directement leur entrée à la Bourse américaine, où les investisseurs semblent plus enclins à prendre des risques en finançant de nouvelles entreprises.
C'est notamment le cas du fabricant britannique de microprocesseurs Arm, filiale du japonais Softbank, qui a confirmé ces derniers mois avoir jeté son dévolu sur Wall Street pour son introduction en Bourse, au grand dam de Londres. Le gouvernement britannique s'efforçait en effet d'obtenir l'introduction à la Bourse britannique de leur joyau technologique, alors que la City, qui cherche à maintenir son rang après le Brexit, cède du terrain sur ses rivales en Europe.
Mais l'Union européenne comme le Royaume-Uni n'entendent pas rester les bras croisés et prévoient de simplifier le cadre règlementaire relatif aux introductions en Bourse. Le gouvernement britannique a notamment annoncé qu'il poursuivrait "les réformes ambitieuses des règles régissant ses marchés de capitaux". Le Conseil et le Parlement européens travaillent quant à eux à rendre les données de marché, dispersées sur beaucoup de plateformes, comme les Bourses et les banques d'investissement, plus accessibles, avec des systèmes consolidés de publication pour permettre plus de transparence et renforcer la compétitivité.