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Le marché de la chirurgie esthétique séduit les investisseurs, les fintech et même Wall Street

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La chirurgie esthétique est en plein boom, et le secteur financier s’y intéresse, jusqu’à Wall Street qui se tourne désormais vers ce marché lucratif.

433 milliards de dollars. C'est l'estimation du montant du marché de la médecine et chirurgie esthétique (non invasif) en 2032, d'après une étude de Polaris Market Research. Il est évalué à 130 milliards de dollars en 2023. Sur cette période de prévision, le taux de croissance est estimé 14,3%. Si les chiffres varient, le constat est inchangé: le secteur de la chirurgie et de la médecine esthétique cartonne.

La croissance est telle que les fintechs se tournent vers ce domaine, et proposent des solutions de financement spécialisées pour les traitements esthétiques.

Des crédits avec paiements mensualisés pour financer les interventions

Ainsi par exemple l’entreprise CareCredit permet de faire de l’achat fractionné (aussi appelé buy now pay later) afin de financer des interventions. Ces offres ciblent un consommateur solvable, doté d’un excellent crédit.

Mais ces nouvelles solutions suscitent des inquiétudes. Une étude de la Réserve fédérale de New York souligne qu’une majorité des personnes y ayant recours disposent de revenus faibles ou un accès limité au crédit. Par ailleurs, d’après Bloomberg, une fois les promotions finies, les taux annuels peuvent atteindre jusqu’à 32,99% pour CareCredit et 31,99% pour Alphaeon.

Des produits financiers complexes fondés sur les créances générées par les soins esthétiques

Les fintechs ne sont pas les seules à être séduites. Wall Street se tourne aussi vers ce secteur, en créant des produits financiers complexes fondés sur les créances générées par les soins esthétiques. 400 millions de dollars d’obligations seraient adossés à ce secteur d’après un article de Bloomberg.

Quant aux investisseurs, d’après le blog de vector medical group, "de 2022 à 2023, le nombre d'investissements […] a considérablement augmenté, avec des entreprises comme Alpha Aesthetics Partners et Princeton MedSpa Partners". La société de capital investissement Raise est ainsi entrée au capital de la Clinique des Champs-Elysées, afin de permettre à la clinique de "répondre notamment à ses enjeux de très forte croissance". Les investisseurs misent notamment sur l’innovation, qui est un moteur du secteur. L’intelligence artificielle permet de simuler les résultats avant une intervention par exemple, et même de prédire les risques.

Des taux de croissances prévus entre 7% et 14%

Le secteur de la chirurgie et de la médecine esthétique séduit les investisseurs grâce à sa solidité et à sa résilience face aux crises économiques. Les professionnels sont optimistes, prévoyant des taux de croissance compris entre 7 % et 14 %. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement.

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D’abord, le rôle des influenceurs sur les réseaux sociaux est crucial: ils démocratisent et valorisent ces pratiques, attirant particulièrement les jeunes générations. Les procédures disponibles sont plus facilement accessibles, et l’obsession croissante pour le culte de la jeunesse alimente cette dynamique.

Avancées technologiques

Les avancées technologiques jouent un rôle clé. Les techniques de rajeunissement sont désormais plus sophistiquées, avec des méthodes moins invasives et des interventions allégées. Adieu les cicatrices post litfting.

C’est aussi un marché avec des consommateurs fidèles, les interventions étant souvent régulières. Le botox dure trois à quatre mois par exemple.

Dans ce contexte, la hausse de la demande fait naturellement grimper les prix, consolidant la confiance des investisseurs dans un secteur en pleine expansion et aux perspectives particulièrement lucratives. Ainsi selon Bloomberg, les injections de botox ont grimpé de 9% en 2023, les prix des liftings faciaux ont progressé de 22%, atteignant 11 395 dollars.

Louise de Maisonneuve