La Floride envisage d'autoriser le travail de nuit dès 14 ans

Il s'agit pour cet état américain de pallier aux postes vacants de travailleurs non qualifiés et sans papiers qui ont été expulsés.

La Floride n'a pas attendu l'élection de Donald Trump pour intensifier sa lutte contre le travail illégal et les employeurs qui embauchent des immigrants sans papiers.

Mais la politique du "sunshine state" est à double tranchant. Car à force d'expulser des travailleurs immigrés illégaux, la plupart mexicains, les entreprises se retrouvent face à une pénurie assez criante de travailleurs peu qualifiés, ce que l'on retrouve par exemple dans les champs ou dans les magasins ouverts 24 heures sur 24. Car ces emplois difficiles et mal payés attirent peu.

La Floride pense néanmoins avoir trouvé la solution: remplacer les immigrés par des adolescents. Le gouverneur républicain, Ron DeSantis, et le Parlement de l'État ont présenté ce mardi un projet de loi visant à assouplir la législation sur le travail des enfants, relate CNN.

Le texte vise à autoriser les enfants dès 14 ans à travailler de nuit. Si la nouvelle loi est adoptée, les adolescents pourraient travailler de nuit les jours d'école. La loi de l'État leur interdit actuellement de travailler avant 6h30 ou après 23h.

"C'était comme ça quand j'étais jeune"

Pour le gouverneur, une telle loi ne pose aucun problème moral, au contraire.

"Pourquoi faire venir des étrangers, même illégalement, alors que des adolescents travaillaient autrefois dans ces complexes hôteliers et que les étudiants devraient pouvoir faire ce métier", s'interroge-t-il.

Rappelons qu'une autre loi de 2023 impose aux entreprises de plus de 25 salariés à vérifier le statut de leurs employés immigrés à l'aide d'une base de données fédérale. Les employeurs qui ne respectent pas cette loi s'exposent à des amendes de 1.000 dollars par jour jusqu'à ce qu'ils fournissent la preuve que leurs employés sont des citoyens légaux.

"Oui, des gens sont partis à cause de ces règles, mais vous avez aussi pu embaucher d'autres personnes. Et quel mal y a-t-il à exiger de nos jeunes qu'ils travaillent à temps partiel maintenant? C'était comme ça quand j'étais jeune", a également déclaré DeSantis.

Le projet de loi a été adopté par la commission du Commerce et du Tourisme du Sénat de Floride, avec cinq voix pour et quatre contre. Il sera ensuite examiné par deux autres commissions compétentes avant d'être soumis au vote de l'ensemble du Sénat de Floride.

Le parlement de l'État, dirigé par les républicains, débattra également d'autres dispositions comme la suppression des restrictions sur le temps de travail pour les adolescents de 14 et 15 ans scolarisés à domicile et la suppression des pauses repas garanties pour les 16 à 17 ans.

Plusieurs textes assouplissent la protection des enfants

Ces textes ne sont qu'une nouvelle étape dans le processus d'assouplissement des protections contre le travail des enfants mené par la Floride depuis des années. En 2024, le parlement a adopté une loi autorisant les adolescents de 16 et 17 ans scolarisés à domicile à travailler à toute heure de la journée.

En France, le travail des enfants et des adolescents est très encadré.

Avant 14 ans, un enfant ou un adolescent peut travailler uniquement dans une entreprise de spectacles, de cinéma, de radiophonie, de télévision, ou d'enregistrements sonore, en tant que mannequin ou dans une entreprise ou association ayant pour objet la participation à des compétitions de jeux vidéo.

Le représentant légal du mineur doit effectuer une demande d'autorisation administrative auprès de l'inspection du travail.

Entre 14 et 15 ans, avec l'accord de l'inspection du travail, un mineur peut travailler, uniquement pendant les vacances scolaires, sous conditions, notamment être affecté à des travaux légers sans risque pour sa sécurité, sa santé ou son développement.

A partir de 16 ans, il est possible de travailler quel que soit le type de contrat (CDI, CDD, contrat temporaire). Tout mineur doit y être autorisé par son représentant légal. Mais l'employeur ne peut pas affecter un mineur à des travaux comportant des risques pour sa santé ou sa sécurité.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business