L'enseigne Jennyfer reprise en partie par Beaumanoir (Bonobo, Morgan... ) et Celio qui ne conservent que 350 emplois sur 1.000

L'enseigne de prêt-à-porter Jennyfer va être en partie reprise par deux concurrents du secteur, a annoncé le tribunal de commerce ce jeudi 12 juin. Il s'agit du groupe Beaumanoir (qui possède Cache-Cache, Bonobo, Bréal, Morgan...) et de Celio.
350 salariés et 26 boutiques seront conservés. Le consortium Beaumanoir/ Celio a mis plus de 2 millions d'euros sur la table pour cette reprise, qui permet de préserver plus d'un tiers des salariés de Jennyfer qui en employait près de 1.000.
Onze offres de reprise avaient été formulées auprès du tribunal, dont celles émanant de Pimkie et de Jules. Mais les administrateurs judiciaires ont jugé que la mieux-disante était celle de Beaumanoir et Celio, permettant "de préserver durablement près d'un tiers des emplois", peut-on lire dans la décision.
De nombreuses diffiultés
La marque française de prêt-à-porter pour les 10-19 ans avait demandé sa mise en liquidation judiciaire en avril.
"L'explosion des coûts, la baisse du pouvoir d'achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable", avait indiqué en avril la direction de Jennyfer.
La marque fondée en 1984 comptait mi-2024 220 magasins en France et 80 à l'international, et revendique environ 250 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.
Tombée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l'"augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante", elle avait annoncé en sortir il y a moins d'un an. Elle semblait se redresser et avait annoncé "un investissement initial de 15 millions d'euros" et "l'arrivée d'un nouvel actionnaire".
Une tentative de redressement...qui a échoué
Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) était intervenu entre temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins. L'entreprise avait un temps essayé de se relancer via une nouvelle identité de marque, "Don't Call Me Jennyfer", qui n'avait pas pris auprès des clients. Elle était finalement revenue en 2024 à son nom historique, Jennyfer
Son nouveau directeur général, Yann Pasco, avait déclaré en avril 2024 vouloir "préserver l'ADN de Jennyfer", qui a "15% de part de marché sur les 10-14 ans" mais aussi "élargir la cible de clientèle" en se positionnant sur les 15-19 ans et les 20-24 ans.
Mais "malgré les mesures mises en oeuvre dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire puis dans le cadre du plan (de redressement), le groupe n'est pas parvenu à atteindre les objectifs ainsi fixés", a relevé le tribunal de commerce de Bobigny jeudi.
Lors de l'annonce de la liquidation judiciaire, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet avait dénoncé "une catastrophe sociale", avec "des femmes (...) principalement concernées", et voit, "dans le prêt-à-porter, une absence totale de réflexion stratégique sur la situation économique."