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Un plan de sauvetage de 120 millions d'euros pour le groupe verrier Arc

Un apport de 120 millions d'euros devrait relancer le groupe verrier situé près de Saint-Omer (Pas-de-Calais), en difficulté depuis plusieurs années.

Un apport de 120 millions d'euros devrait relancer le groupe verrier situé près de Saint-Omer (Pas-de-Calais), en difficulté depuis plusieurs années. - Philippe Hughen-AFP

Le gouvernement a dévoilé un accord crucial de financement de 120 millions d'euros devant relancer le groupe verrier du Pas-de-Calais, en difficulté depuis plusieurs années. Ce sera au prix toutefois de 700 suppressions de postes sur quelque 5200 salariés.

Le géant français des arts de la table devrait sortir de l'ornière financière dans laquelle son endettement l'avait placé. Aux termes d'un accord, conclu au terme de quatre mois de négociations, le groupe verrier Arc, origine du Pas-de-Calais va recevoir 120 millions d'euros d'argent frais qui "doivent permettre au groupe de réaliser son plan Synergie 2020 et renforcer l'empreinte industrielle du groupe, en particulier en France où il emploie plus de 5.000 salariés", selon Bercy.

Dans le détail, 32 millions proviendront de la vente d'une filiale en Espagne et de cash de son actionnaire américain (le fonds PHP), selon le directeur général du groupe Nicholas Holder. Le reste arrivera sous forme de prêt, à hauteur de 25 millions de fonds souverains dont la Banque publique d'investissement (BPI), 30 millions de la part de l'actionnaire, 14 millions de dettes locales et 30 millions de fonds publics (16 millions de l'Etat, 12 millions de la Région et 2 millions de l'agglomération).

120 millions d'euros d'investissement à venir

Le groupe Arc International, leader mondial des arts de la table, a été repris en 2015 par le fonds américain PHP, alors qu'il était proche du dépôt de bilan. "Ce nouveau financement nous permettra d'arriver à une autonomie financière non seulement en France mais au niveau du groupe dans les prochaines années", s'est félicité Nicolas Holder.

Les fonds permettront en particulier "de financer des investissements majeurs sur le site d'Arques, notamment dans les parties froides, afin de renforcer sa compétitivité", selon le ministère. Le site va ainsi bénéficier de 120 millions d'euros d'investissement dans les prochaines années, avec un programme de reconstruction des fours, notamment.

700 postes vont disparaître

Cette transformation se fera au prix de la réduction de postes: 700 vont disparaître sur les 5200 actuellement, a annoncé la direction. "Dans une entreprise qui dépense 50% de ses coûts en main d'oeuvre, il faut travailler sur son organisation, sur l'ensemble des mécanisations des postes afin de réduire ces coûts de main d'oeuvre", a expliqué Tristan Borne, directeur général d'Arc Europe, soulignant aussi le besoin de "renouveler les gammes pour être plus compétitifs".

Mais, selon lui, "entre les départs en retraite (non-remplacement d'un sur trois, ndlr) et le niveau d'intérim, l'ensemble de ces réductions d'effectifs pourra se faire sans difficulté".

"C'est le 8e site industriel de France, il mérite notre intérêt, c'était légitime que le gouvernement marque sa confiance aux côtés des investisseurs, c'est aussi un signal qu'on envoie aux clients, aux fournisseurs", a estimé la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher.

Les syndicats sont soulagés

Ce plan, présenté en comité d'entreprise lundi matin, a rassuré en partie les représentants syndicaux. "Là, on souffle. C'est reparti, on va de l'avant", a estimé Elisabeth Jacques, déléguée syndicale centrale CFE-CGC, soulignant l'importance du site pour les sous-traitants et commerçants du bassin d'emploi de Saint-Omer. "On voit ce qui se passe quand l'industrie déserte les territoires ruraux", a-t-elle poursuivi.

"On peut s'en réjouir: à très court terme, on a une grande bouffée d'oxygène", a salué Frédéric Specque, délégué CGT et secrétaire du comité social et économique, tout en mettant en garde: "il reste beaucoup de travail, l'entreprise n'est toujours pas rentable, avec une dette qui va avoisiner les 500 millions d'euros".

Frédéric Bergé avec AFP