Décarbonation dans l'industrie: face aux aides américaines, "la Commission européenne doit aller plus vite"

Il y a une semaine, le président de la République a reçu à l'Élysée les représentants des 50 sites industriels les plus polluants de France pour leur demander de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre.
Parmi eux, ArcelorMittal France dont les deux sites représentent pas moins de 25% des émissions industrielles de gaz à effet de serre en France.
"On sera au rendez-vous avant 2030, l'objectif est d'obtenir très rapidement l'accord sur notre dossier par la Commission européenne" explique ce mardi sur le plateau de Good Morning Business, Eric Niedziela, Président d'ArcelorMittal France.
"Cet accord, c'est mettre en oeuvre l'aide qu'on a négociée avec l'Etat français. On est prêt, on a les solutions, on est capable de passer commande rapidement sur le sujet", ajoute le dirigeant.
Rappelons que la principale source d'énergie pour les hauts fourneaux de l'entreprise reste aujourd'hui le charbon, l'idée étant de le remplacer par de l'hydrogène décarboné.
Le 3 février, l'Etat français avait annoncé, à Dunkerque dans l'usine d'ArcelorMittal, une enveloppe de 5,6 milliards d'euros pour décarboner l'industrie lourde dont une bonne partie pour la sidérurgie, et donc pour ArcelorMittal. Le même jour, le groupe avait annoncé son propre plan d'investissement de 1,7 milliard d'euros, pour moderniser les hauts fourneaux de Dunkerque et de Fos-sur-Mer, avec l'aide de l'Etat.
"La Commission européenne doit aller plus vite"
Pour autant, même si ce dossier de subvention se débloque rapidement, le groupe craint de voir sa compétitivité fondre en France. En cause, les massives subventions accordées à l'industrie américaine à travers l'Inflation Reduction Act.
"On voit une aide massive à l'industrie américaine (...), la Commission européenne doit aller plus vite pour décider des aides", souligne Eric Niedziela qui ne cache pas le risque de délocalisation.
"C'est la discussion qu'on a à l'intérieur du groupe en ce moment. Les projets de Dunkerque et de Fos (les deux sites français du groupe, NDLR) avaient un avantage concurrentiel avant la mise en oeuvre de l'Inflation Reduction Act. La compétitivité s'inverse d'où la discussion avec le Président pour agir rapidement. Il nous faut rapidement le feu vert de la Commission européenne", répète le responsable.
Si la notion de fermeture n'est pas évoquée, "c'est la notion de mise en compétitivité sur un groupe qui est mondial, voir où la production peut se faire à meilleur coût pour être compétitif en Europe", prévient Eric Niedziela.