Comment 19 industriels de l'agroalimentaire ont réduit le gaspillage

19 entreprises de l’agroalimentaire ont participé à l’opération de l’Ademe intitulée "Moins de pertes et gaspillages alimentaires pour plus de performance." - François Lo Presti-AFP
Sur les dix millions de tonnes gaspillées par an sur toute la chaîne alimentaire (de la production à la consommation), deux le sont lors de la phase de transformation par les industries. C'est sur cet aspect du gaspillage que l'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a décidé d'agir.
L'agence a proposé à dix-neuf sites d'entreprises de l'agroalimentaire volontaires, mêlant des PME (Labeyrie, Soup'Idéal) et des groupes (Limagrain, Nestlé) un audit de leur processus de production. Elle a établi ensuite avec eux un diagnostic, assorti de mesures correctrices anti-gaspi avec évaluation des économies générées.
A l'issue de la phase d'analyse, l'Ademe avait identifié sur les 19 sites étudiés des pertes moyennes de matière alimentaire par usine et par an de 880 tonnes soit près de 9,4% de la production perdue, générant des pertes annuelles évaluées à 1,183 million d'euros, toujours par site et par an.

Après mise en oeuvre des préconisations, les résultats publiés par l'Ademe sont notables avec un gain de 1,3 million d'euros généré sur les 19 sites étudiés. La réduction des pertes atteint 15% en moyenne par site et par an, générant une baisse de 5,5% des coûts liés aux pertes, soit la somme de tous les coûts liés à la fabrication des produits qui deviennent ces pertes (prix des matières premières, coûts de la main d’œuvre, prix des emballages, coût de l’énergie…) en plus du du coût éventuel de gestion des déchets.
L'Ademe cite plusieurs cas concrets illustrant les économies réalisées.
Chez la PME Soup'idéale (fabrication de soupes liquides), la seule réduction significative de l’épluchage des légumes a permis une diminution des pertes de 154 tonnes par an, soit 33.000 euros de gain. D'autres efforts ont porté sur l'amélioration de la stérilisation des produits et sur la politique achats afin de mieux gérer les flux de matières première et éviter la dégradation en stock. L'entreprise a réduit les pertes de 34%. Le gain estimé à date représente 75.600 euros HT/an.
Chez Labeyrie (fabrication de saumon fumé), la mécanisation de la découpe du poisson et la valorisation d’un nouveau produit utilisant la pulpe de poisson (chair récupérée sur la carcasse) ont réduit de 22% le gaspillage de matière, et de 3% leur coût complet. Le gain estimé pour Labeyrie représente 291.000 euros HT/an.
Chez Jacquet (fabrication de pains), la réduction de la matière exclue lors du tranchage, sa valorisation en chapelure et le déballage des produits ayant un défaut d’emballage ont réduit de 9% les pertes et gaspillages alimentaires en volume et de 8% en valeur (basé sur l'évaluation de leur coût complet. Le gain estimé à date pour Jacquet représente 29.000 euros HT/an.
Pour ces trois entreprises, l'Ademe a également procédé à une évaluation de la réduction de leur empreinte carbone, induite par les mesures de lutte anti-gaspillage sur la matière utilisée en production. Ainsi chez Jacquet, les actions ont permis de réduire de 9% les émissions de CO2 et chez Labeyrie, celles-ci ont été réduites de 3%.