Carlos Ghosn: les règles drastiques d’une liberté sous haute surveillance

- - Kazuhiro NOGI / AFP
Après 107 jours passés derrière les barreaux, Carlos Ghosn a été libéré ce mercredi de la prison de Kosuge à Tokyo où il était détenu depuis le 19 novembre 2018 pour des accusations de malversations financières.
Cette libération rendue possible par le versement d’une caution de 8 millions d’euros est également assortie de plusieurs conditions très strictes. Pour obtenir l’aval du juge, l’avocat de l’ex-PDG de Renault et Nissan, Junichiro Hironaka, a dit avoir fait le nécessaire pour éviter toute tentative de destruction de preuve: "Nous avons proposé un dispositif qui rend impossible une évasion ou la suppression d’informations", a expliqué celui que l’on surnomme "l’innocenteur".
Des conditions de liberté restrictives
Hébergé dans un logement dont le lieu est tenu secret, Carlos Ghosn ne jouira d’une liberté toute relative. Soumis à des conditions de surveillance particulièrement restrictives, l’homme d’affaires a interdiction de quitter le Japon, ses passeports français, brésilien et libanais ayant été remis à ses avocats et dispose de moyens de communication avec l’extérieur extrêmement limités.
Il a doit à l'tilisation d'un ordinateur uniquement de jour et en semaine au bureau de son avocat, sans accès au réseau Internet. De même seule l'utilisation d'un téléphone portable limité à la communication vocale lui est autorisée ce qui lui interdit l'envoi et la réception de SMS. L'historique des appels passés et reçus doit être remis au juge.
À cet égard, des systèmes de contrôles de son activité informatique devraient être mis en place. Il ne peut en outre pas entrer en communication avec les autres personnes impliquées dans l’affaire le concernant. Selon la chaîne d’informations japonaise NHK, il doit également obtenir l’accord du juge s’il veut rencontrer des membres de la direction de Renault ou Nissan.
Vidéosurveillance des entrées-sorties de sa résidence
Dernière condition, et non des moindres: la résidence dans laquelle Carlos Ghosn est logé est placé sous vidéo surveillance 24 heures sur 24 au niveau de ses entrées et sorties. Les images pourront être régulièrement consulté par le tribunal de Tokyo pour s’assurer que l’ex-PDG de Renault respecte les modalités de sa libération fixées au préalable. Il ne peut changer de résidence sans en informer les autorités et doit impérativement habiter dans la capitale.
Selon son avocat, Carlos Ghosn n’aurait pas très bien accueilli ces strictes conditions de libération mais se serait tout de même réjoui de la décision du tribunal. Car sa libération va lui permettre de préparer plus sereinement sa défense avec ses avocats. Junichiro Hironaka a d’ailleurs affirmé que l’ex-PDG pourrait tenir une conférence de presse prochainement.
Des failles dans le dispositif de sécurité?
Si Carlos Ghosn ne se conforme pas à ces règles, qualifiées de "très dures" par son avocat, il encourt deux types de risques: perdre tout ou partie de la caution déposée (un milliard de yens, environ 8 millions d'euros), ou bien voir sa remise en liberté annulée et retourner en prison.
Les conditions posées pour la libération de Carlos Ghosn sont jugées exceptionnelles par les experts mais, proposées par les avocats garants, elles ont convaincu le juge. Selon les médias, les procureurs dénoncent toutefois les nombreuses failles possibles de ce dispositif. Il suffit par exemple à Carlos Ghosn d'emprunter le téléphone de sa femme pour se connecter à internet, soulignent les experts.