Nouvelles fissures dans un réacteur à Civaux: EDF ne prévoit "aucun impact" pour le parc nucléaire

Le groupe électricien EDF a confirmé lundi la présence de "deux indications" de micro-fissures sur des tuyauteries liées au circuit de refroidissement du réacteur nuclaire n°2 de Civaux (Vienne), tout en assurant qu'il s'agit à ce stade d'un événement "isolé", sans impact pour la production de l'ensemble du parc nucléaire. Les premiers résultats des analyses menées par EDF sur des soudures de portions de tuyauteries cruciales pour la sûreté des centrales confirment "la présence de défauts" à Civaux 2, a indiqué lors d'un point presse Régis Clément, directeur adjoint de la Division production nucléaire, moins d'une semaine après l'annonce d'une expertise.
Parmi ces défauts, un concerne de la "fatigue thermique", un phénomène "historique" dans le parc nucléaire qui affecte des aciers inoxydables sous l'effet de variations de températures. Le deuxième défaut détecté est "de la corrosion sous contrainte (CSC)". Il s'agit du même phénomène découvert fin 2021 dans le parc nucléaire, à l'origine d'une crise industrielle sans précédent pour EDF : la production électro-nucléaire était tombée à un niveau historiquement bas en 2022 en raison de nombreux réacteurs mis à l'arrêt pour des réparations ou des contrôles, menaçant la France de coupures électriques en pleine crise énergétique.
Le redémarrage reporté au 30 juillet
Bien connue dans l'industrie, la corrosion sous contrainte signifie qu'un matériau se dégrade et se fissure au contact d'un environnement chimique. La détection de CSC - une fissure de "1 à 2 mm" sur une tuyauterie de plusieurs centimètres d'épaisseur - lors d'un contrôle mené pendant une opération de maintenance programmée de Civaux 2 aura un "impact assez mineur" sur la durée de l'arrêt, a assuré Régis Clément, évoquant un report du redémarrage d'environ 15 jours, au 30 juillet.
"Concernant plus largement le parc nucléaire, là aussi, il n'y a aucun impact à date projeté sur la disponibilité du parc et la production, que ce soit sur l'année 2025 ou sur les années ultérieures", a-t-il rassuré.
Selon Régis Clément, la découverte de CSC à Civaux reste un "événement isolé à ce stade" parmi quelque 200 contrôles menés sur des soudures réparées depuis 2022. "Ca ne veut pas dire que ça sera le dernier. Le phénomène, on le connaît aujourd'hui, on le prévient, on le détecte tôt, mais il peut revenir", a-t-il concédé. L'un des coudes a été changé et l'autre est en passe de l'être, a indiqué le dirigeant, sans toutefois pouvoir préciser les causes du retour de la corrosion sur un coude de tuyauterie remplacé préventivement en 2022. Le travail d'analyse doit pour cela se poursuivre encore plusieurs semaines.
Sur environ 350 vérifications prévues pour 2025 sur cinq réacteurs (dont Civaux) parmi les 16 les plus sensibles au phénomène, plus de 200 ont été effectuées et n'ont montré aucun autre signe de corrosion, selon EDF. En 2026, trois autres réacteurs seront contrôlés. EDF a par ailleurs affirmé que cette découverte ne remettait "clairement pas" en cause la production de tritium prévue en collaboration avec le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour la dissuasion nucléaire dans cette centrale constituée de deux réacteurs.