"Futurs énergétiques 2050": pourquoi le rapport de RTE publié ce lundi est très attendu

Comment atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050? Commandé il y a deux ans par le gouvernement, le rapport de RTE intitulé "Futurs énergétiques 2050" sera rendu public ce lundi, à 10 heures. Les conclusions de ces travaux sont particulièrement attendues dans un contexte de crise énergétique (flambée des prix du gaz, de l’électricité, du pétrole…) et, plus largement, de crise climatique.
Dans ce rapport, le gestionnaire du réseau électrique français livre six scénarios qui devront servir de base au gouvernement pour essayer de dessiner la trajectoire énergétique du pays à horizon 2050.
Si les trois premiers scénarios font la part belle aux énergies renouvelables (le premier prévoyant une sortie complète du nucléaire en 2050), ceux-ci devraient être écartés par le gouvernement alors qu’Emmanuel Macron a clairement annoncé sa volonté de relancer le nucléaire en France, en annonçant notamment la construction de petites centrales nucléaires "SMR" dans le cadre du plan d’investissement "France 2030". Sans oublier la construction possible de six réacteurs EPR sur lesquels travaille actuellement EDF, à la demande de l’exécutif, et qui pourrait être l’une des mesures qui défendue par le chef de l’Etat pendant la campagne présidentielle.
Relance du nucléaire et montée en puissance des énergies renouvelables
Mais le grand point d’interrogation c’est le coût. Bien que la facture de l’EPR de Flamanville avoisine désormais les 20 milliards d’euros, EDF promet que chaque nouveau réacteur EPR coûtera entre 7 et 8 milliards d’euros, ce qui représente tout de même un investissement conséquent. Surtout qu’il s’agit ici d’une hypothèse basse.
Il faut aussi prendre en compte le prix du nucléaire qui a explosé en vingt ans et qui devrait continuer de croître ces prochaines années. Actuellement établie à 42 euros le mégawattheure, l’électricité nucléaire produite par les futurs EPR devrait coûter 70 euros le mégawattheure en 2035.
Dans le même temps, le prix des énergies renouvelables a été divisé par trois. Celui de l’énergie produite par l’éolien en mer est d’environ 60 euros le mégawattheure et celui de l’énergie solaire de 55 euros le mégawattheure. Soit des niveaux déjà proches du prix du nucléaire.
Dans ces conditions, le nucléaire ne pourra pas être l’alpha et l’omega de la politique énergétique française. Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà annoncé vouloir faire du "en même temps" en développant la filière nucléaire tout en augmentant les capacités des énergies renouvelables. Reste à définir la place de ces dernières dans le mix énergétique français. Dans son scénario le plus "nucléarisé" (50% nucléaire en 2050), RTE prévient que l'énergie solaire produite en France devra être multipliée par 7 et l'éolien par 2,5. Et ce scénario implique la construction de 14 EPR et de plusieurs SMR.