Agnès Pannier-Runacher: "ne pas penser la prochaine génération du nucléaire serait une faute politique"

Dans son plan d'investissement de 30 milliards d'euros sur cinq ans visant à développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir, Emmanuel Macron a insisté sur l'importance du nucléaire pour atteindre nos objectifs de réduction d'émissions de CO2 et pour renforcer l'indépendance énergétique de la France. Un milliard d'euros y seront consacrés.
Critiquée par les associations écologistes pour ce choix, Agnès Pannier-Runacher, la ministre en charge de l'Industrie, a défendu cet investissement sur France Inter ce mercredi.
"On a besoin du nucléaire, si on en sort, nous ne serons pas capable de réduire nos émission de CO2, répète la ministre. Soyons très clairs, le nucléaire est une énergie bas carbone. Il est indispensable pour nous permettre de répondre aux enjeux du défi climatique. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs".
Des petits réacteurs nucléaires modulaires, dits "SMR", viendraient compléter le parc français. "Ils sont plus modulables et viendront en appui de sites industriels", explique Agnès Pannier-Runacher qui précise que la France aura besoin de bien plus d'électricité dans les prochaines années, selon les projections de RTE, le gestionnaire du réseau électrique.
Les SMR en appui de sites industriels
"L'enjeu, c'est de le mettre au point, pour le moment, nous en sommes à la preuve de concept mais il faut accélérer, les Etats-Unis investissent, nous aussi avec 50 millions d'euros de recherche et développement". "Nous sommes une des premières nations nucléaires, il est important d'investir dans ces petits réacteurs".
Et d'ajouter: "nous travaillons sur le temps long, ne pas penser la prochaine génération du nucléaire serait une faute politique", assène la ministre en réponse aux attaques de certains membres de l'opposition.
"On se prépare à l'avenir", confirme sur RTL Barbara Pompili, la ministre de l'Ecologie, "c'est la souveraineté énergétique de notre pays qu'on met en place". Et d'ajouter que les SMR sont "acceptables pour toute personne qui est pragmatique".
La décision d'un nouvel EPR n'est pas tranchée mais...
Et malgré les retards et le budget largement dépassé, les nouvelles et très polémiques centrales EPR gardent la confiance du gouvernement.
La décision d'en commander une nouvelle pourrait même être prise avant l'arrêt de l'ancienne centrale de Flammanville. "Ce n'est pas impossible. Si nous voulons être au rendez-vous de la décarbonation, il y aura une date limite pour prendre cette décision, courant 2022 pour garantir une électricité peu chère aux Français".
Même tonalité pour la production d'hydrogène. Là encore, le gouvernement entend s'appuyer sur le nucléaire pour sa production. "Nous produisons de l'hydrogène bas carbone et le nucléaire est bas carbone", souligne Agnès Pannier-Runacher tout en assurant que cet hydrogène sera également issu d'énergies renouvelables.
Reste la question de la gestion des déchets radioactifs. Si la ministre reconnaît que cette "question doit être traitée", notamment en rendant leur gestion "plus circulaire", la responsable insiste: "mais l'urgence, c'est d'agir contre le déréglement climatique et le nucléaire le permet".